On a beau être sur des marchés prometteurs à long terme de la construction bas carbone et de la rénovation énergétique, on n’échappe pas à la crise immobilière qui frappe l’Europe. Saint-Gobain a essuyé les plâtres en 2023. Ainsi, le numéro un mondial des matériaux de construction a annoncé, jeudi 29 février, une baisse du résultat net et du chiffre d’affaires, après une année 2022 marquée par des records : le premier a reculé de 11 % (2,67 milliards d’euros), le second de 0,9 % (47,94 milliards), à données comparables.
Ce résultat à deux chiffres devrait se répéter en 2024, « dans un contexte où certains de nos marchés sont en repli », pronostique Benoît Bazin, le directeur général de Saint-Gobain, qui en deviendra PDG à l’issue de l’assemblée générale de juin.
La crise n’est pas finie, prévient-il, après un recul de 5,9 % de l’activité en Europe du Nord et une résistance dans les pays européens du Sud (- 0,9 %). Il prévoit un marché de la construction neuve encore « difficile » en 2024, alors que celui de la rénovation devrait « résister ». Pour autant, le marché reste « structurellement sain » en raison des besoins, dans le neuf comme dans l’ancien.
« Environnement macroéconomique difficile »
M. Bazin approuve globalement le plan gouvernemental de 2 milliards d’euros pour isoler les établissements d’éducation et l’augmentation « très forte » de l’enveloppe de MaPrimeRénov’, même rabotée d’un milliard et loin du « plan Marshall de la rénovation énergétique » qu’il défend.
Au lieu de 200 000 rénovations complètes initialement prévues, on en réalisera « plutôt 140 000 ou 150 000 », a prévenu Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique. « Il faut être juste dans la transition énergétique », explique M. Bazin au Monde, en plaidant pour que ses 4 milliards aident en priorité les ménages modestes vivant dans les « passoires thermiques ».
« Dans un environnement géopolitique et macroéconomique qui reste difficile », il juge que son groupe a démontré « l’efficacité et la pertinence de ses choix stratégiques », notamment le développement dans des zones « de croissance » (Amérique du Nord et du Sud, Asie du Sud-Est), la création d’un pôle « chimie de la construction » pour décarboner béton et ciment, et la restructuration par pays (et non plus par métiers) permettant de mieux vendre des solutions complètes pour le bâtiment, du Placoplâtre et du vitrage jusqu’à l’isolation phonique, et des façades jusqu’aux toits.
Le choix d’une construction durable reste, affirme-t-il, la raison d’être de l’entreprise. « Je ne vois aucune contradiction entre sa compétitivité et une stratégie bas carbone », en rappelant le bon parcours boursier (+ 127 % en cinq ans). « Nous avons une feuille de route carbone et plus de mille projets pour réduire nos émissions », résume-t-il. De la production de verre plat avec de l’hydrogène, des plaques de plâtre et des panneaux acoustiques 100 % décarbonés, illustre-t-il, jusqu’à une réduction de moitié des volumes d’eau en 2030 ou une optimisation du transport routier de ses produits réduisant coûts et dioxyde de carbone (CO2) grâce au big data.
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