Du coup de com permanent à l’enlisement, la folle année de l’éducation nationale

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Passation des pouvoirs entre Pap Ndiaye et Gabriel Attal au ministère de l’éducation, le 20 juillet 2023.

Qui sera ministre de l’éducation nationale à la rentrée ? Nul ne le sait et les pronostics habituels sont impossibles, tant la situation politique est incertaine. Le système scolaire commence à être familier de l’instabilité : quatre ministres se sont succédé Rue de Grenelle entre l’été 2023 et l’été 2024. C’est autant qu’entre 2012 et 2022, Jean-Michel Blanquer (2017-2022) ayant battu le record de longévité lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

Le début du second mandat a été marqué par le record inverse, avec une valse des ministres, qui occupent l’hôtel de Rochechouart entre quelques semaines et quelques mois. Pour les acteurs de l’école, cette instabilité révèle un problème de fond : une absence de ligne claire dans cette année scolaire qui restera, pour les acteurs de la communauté éducative, une année particulièrement difficile. « La politique éducative n’a plus de boussole », juge Catherine Nave-Bekhti, responsable de la CFDT-Education, formation, recherche publiques.

Après quatorze mois à la tête de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, fragilisé par sa trop grande discrétion et les attaques répétées de la droite et de l’extrême droite, doit laisser sa place dès le 20 juillet 2023. Lors de la passation des pouvoirs sur le perron du ministère, l’historien, qui a eu « tant de mal à habiter le costume de ministre », selon les représentants syndicaux qui l’ont côtoyé, analyse son échec. « L’école doit rester aux antipodes du temps politique que nous vivons et qui m’est sans doute un peu étranger », regrette-t-il alors, la voix nouée par l’émotion.

Alors qu’il voulait imprimer sa marque sur la question de la mixité sociale, son plan, largement édulcoré, est devenu le symbole d’un ministre empêché, coincé entre un président de la République omniprésent et des députés de l’aile droite de la majorité qui n’ont cessé d’entraver son action. « Ce qui me frappe, c’est l’importance des réseaux sociaux qui rythment la vie politique, confie-t-il alors au Monde. Les cabinets ministériels sont aux aguets de tel ou tel tweet pour réagir, alors que, dans un domaine comme l’éducation, rien ne se règle en quelques heures ou à coups d’annonces tonitruantes. »

« Domaine réservé »

Quelques heures avant le remaniement, la première ministre, Elisabeth Borne, lui résume les raisons de son éviction en quelques mots : « Il faut un cogneur. » Et le cogneur, ce sera Gabriel Attal. Qualifié d’« étoile montante de la Macronie », le ministre délégué aux comptes publics est connu pour ses talents de communicant. Et il assume sans ciller le nouveau « barycentre droitier de la majorité », selon la formule d’un ancien ministre, avec des députés plus à droite après les législatives de 2022 qu’en 2017.

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