douze mois de prison avec sursis requis contre l’ex-député LRM Pierre Cabaré

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L’ancien député La Republique en Marche de Haute-Garonne, Pierre Cabaré, lors de son procès à Montauban, le 28 mai 2024.

Ancien député de la majorité présidentielle en Haute-Garonne, Pierre Cabaré a vu le procureur requérir douze mois de prison avec sursis contre lui, mardi 28 mai, à Montauban pour exhibition, agression et harcèlement sexuels sur son ancienne suppléante.

Le procureur a également requis cinq ans d’inéligibilité, l’obligation de faire un stage sur les violences conjugales et une amende de 10 000 euros. L’ancien élu La République en marche (LRM) nie les accusations dont il fait l’objet. Le tribunal rendra publique sa décision le 25 juin.

L’ancien parlementaire de 66 ans, élu en 2017, a été vice-président de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale jusqu’en 2019.

Son ancienne suppléante et collaboratrice parlementaire, Lucie Schmitz, 44 ans, l’accuse notamment d’avoir tenu de nombreux propos sexistes et d’avoir à plusieurs reprises caressé ses fesses entre 2017 et 2019.

Durant l’audience, la présidente a évoqué un « climat propice aux dérapages » et « un portrait particulièrement négatif décrit par cinq collaborateurs » de Pierre Cabaré, avant de mentionner une photo de l’élu portant « une chapka et agitant une queue en fourrure sortant par la braguette ». L’ancien parlementaire n’y a vu, lui, « aucune connotation sexuelle ».

« Tout était sexualisé en permanence »

A la barre, Lucie Schmitz a témoigné, parfois au bord des larmes, « des propos très humiliants » que Pierre Cabaré avait tenu à son égard. « Tout était sexualisé en permanence », a-t-elle dit, évoquant également sa carrière politique, « écroulée » depuis la dénonciation des agissements du prévenu en 2019.

La voix tremblante, interrompue par des pleurs, une des trois témoins de la partie civile, Charlotte Mariel, 30 ans, entrée en stage en 2018 auprès de M. Cabaré, a décrit une « volonté de dominer », « une pression » et « un sentiment de danger permanent ».

Bruno Amet, 58 ans, assistant du député au moment des faits, a quant à lui évoqué « des propos salaces, à caractère sexiste », avant de pointer « plusieurs problèmes » et l’« incompétence professionnelle » de l’ancien parlementaire.

D’un ton calme et posé, il a affirmé avoir vu le prévenu « retirer son short », avant de dire « j’ai des grosses couilles », lors d’une baignade à Arcachon en 2017. « Je ne parle jamais de mes couilles ! », s’était défendu l’accusé, d’un ton virulent, plus tôt dans la journée.

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Pour Bernard Keller, ancien maire de Blagnac, en banlieue toulousaine, « cette affaire a desservi Mme Schmitz ». Pressentie pour « rajeunir et féminiser la liste d’élus de la commune », Lucie Schmitz a finalement été écartée, note M. Keller.

Du côté de la défense, Mathilde Guinet, ancienne attachée parlementaire, a quant à elle décrit « une expérience de travail assez agréable avec M. Cabaré », précisant n’avoir été témoin « d’aucun problème ».

Un courrier accusateur

Pour Etienne Deroure, ami de longue date du prévenu et présent lors de la baignade à Arcachon, il est « peu probable » que l’ex-parlementaire ait pu toucher les fesses de sa collaboratrice, ayant « les mains occupées par les commandes du bateau ». De son côté, Philippe Lévêque, également ami du prévenu, a affirmé que « se dénuder n’est pas dans les habitudes de Pierre Cabaré. »

En mai 2019, cinq personnes avaient envoyé un courrier d’alerte au président du groupe majoritaire, Gilles Le Gendre, au président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, ainsi qu’au délégué général de LRM, Stanislas Guerini, où étaient évoqués des « agissements inacceptables et répétés » du député depuis le début de son mandat. Une lettre « extrêmement politique. Au seul but de m’exclure du groupe », a estimé Pierre Cabaré, qui a toutefois souhaité « s’excuser que [son] comportement ait été mal interprété ».

Désormais en retrait de la politique, il a expliqué être investi dans le monde associatif et s’occuper de ses petits-enfants. La défense a demandé la relaxe.

Françoise Mathe, avocate de Mme Schmitz, a dit à l’Agence France-Presse « attendre le délibéré avec confiance » et requérir « une condamnation » qui « suffira à réparer ce que » sa cliente « a subi ».

Le Monde avec AFP

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