Donald Trump refuse de désavouer Laura Loomer, une proche, critiquée au sein même du mouvement MAGA

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Laura Loomer à Philadelphie (Pennsylvanie), le 10 septembre 2024.

En intégrant à son premier cercle, cette semaine, une sulfureuse influenceuse d’extrême droite, Donald Trump était loin d’imaginer la tempête qu’il allait déclencher au sein de la famille « Make America Great Again » (MAGA), d’ordinaire soudée.

La bouillonnante et ultracritiquée Laura Loomer a été vue en bonne place aux côtés du candidat républicain, mercredi 11 septembre, à la cérémonie de commémoration des attentats de 2001, à New York. La veille, la militante âgée de 31 ans se trouvait dans les coulisses, lors de son débat avec Kamala Harris, à Philadelphie.

Deux jours auparavant, Laura Loomer avait publié sur son compte X, qui compte 1,3 million d’abonnés, un message qui a alarmé les plus radicaux des partisans du milliardaire.

Si Kamala Harris est élue, « ça va sentir le curry à la Maison Blanche », a-t-elle écrit, évoquant les origines indiennes de la mère de la vice-présidente. Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour plusieurs personnalités du camp de Donald Trump.

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« Je ne contrôle pas Laura »

« Ceci est consternant et extrêmement raciste », a réagi Marjorie Taylor Greene, pourtant membre de l’aile la plus à droite du Parti républicain. « Cela ne représente pas ce que nous sommes en tant que républicains ou que MAGA. Cela ne représente pas le président Trump ».

« C’est écœurant. Quelqu’un doit la stopper », a commenté quant à lui Willie Montague, candidat au Congrès dans une circonscription de Floride, Etat où vit Donald Trump et où Laura Loomer s’est présentée deux fois devant les électeurs, sans succès.

La pasionaria a répondu avec virulence. « Les républicains qui m’attaquent sont tout simplement jaloux de ne pas avoir été dans l’avion avec le président Trump. C’est aussi simple que ça », a-t-elle écrit vendredi sur X. Interrogé à son sujet quelques heures plus tard, en Californie, Donald Trump a l’a qualifiée d’« esprit libre ». « Je ne contrôle pas Laura. Laura dit ce qu’elle veut », a-t-il ajouté.

Celle qui se présente comme une « journaliste d’investigation » est taxée par ses très nombreux détracteurs de racisme, d’homophobie, de transphobie et d’islamophobie. Comme son mentor, âgé de 47 ans de plus qu’elle, elle est connue pour des propos outranciers qui mettent en émoi les réseaux sociaux.

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Laura Loomer a notamment qualifié l’islam de « cancer », les attentats du 11-Septembre de « complot interne », et elle tient Joe Biden pour responsable de la tentative d’assassinat de Donald Trump, en juillet.

Anthony Scaramucci, qui fut durant onze jours directeur de la communication de la Maison Blanche sous l’unique mandat de l’ancien président républicain, a assuré que Laura Loomer fournissait au candidat une bonne partie des messages au vitriol qu’il relaie sur son réseau social.

« Conspirationniste cinglée »

« Le passé de cette personne est vraiment toxique », a, pour sa part, déclaré au Huffington Post le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham. Ce ténor du Parti républicain s’est même permis de glisser un conseil à Donald Trump, en estimant que le candidat se « rendrait service en s’assurant que cette histoire n’enfle pas », c’est-à-dire en écartant l’intéressée de son équipe de collaborateurs.

Thom Tillis, autre sénateur républicain, lui a emboîté le pas. « Assez », a-t-il imploré sur X. « Laura Loomer est une conspirationniste cinglée qui profère régulièrement des conneries destinées à diviser les républicains. Un agent infiltré du Parti démocrate ne ferait pas mieux pour entamer les chances de Trump d’être réélu », a-t-il asséné.

Laura Loomer n’a pas montré de signe d’apaisement, bien au contraire. Dans un long message publié vendredi, elle taxe Lindsey Graham de déloyauté à l’égard de Donald Trump, ajoutant qu’il était « bourré comme un coing » le soir du débat.

Du côté de Kamala Harris, on assiste avec intérêt à ce règlement de comptes au sein de la famille trumpiste. « Laura Loomer n’est pas le problème. Le problème, c’est Trump », a commenté David Plouffe, conseiller de l’équipe de campagne de la démocrate.

Le Monde avec AFP



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