dix morts dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza ; la reconnaissance par trois pays de la Palestine comme Etat critiquée par Nétanyahou

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Retrouvez ici notre point sur la situation d’hier.

Un bulldozer de l’armée israélienne repousse des pneus brûlés sur une route à Jénine lors d’un raid continu sur la ville de Cisjordanie occupée, le 22 mai 2024.

En pleine guerre meurtrière dans la bande de Gaza entre le mouvement islamiste Hamas et Israël, plusieurs pays européens ont annoncé, mercredi 22 mai, reconnaître la Palestine en tant qu’Etat. Cette décision, fustigée par les autorités israéliennes, est saluée par de nombreux pays arabes. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP), quant à elle, y voit « la voie de la stabilité, de la sécurité et de la paix dans la région ». De son côté, le Hamas a déclaré : « Nous considérons cela comme une étape importante vers l’affirmation de notre droit à la terre. »

Les frappes israéliennes se poursuivent à plusieurs endroits de la bande de Gaza. Depuis le 7 octobre, elles ont fait au moins 35 709 morts, selon le dernier bilan du ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas. En vingt-quatre heures, au moins 62 morts supplémentaires ont été recensées, selon un communiqué du ministère, qui fait état par ailleurs de 79 990 blessés en plus de sept mois de guerre.

Dix personnes ont été tuées et plusieurs blessées à Al-Zawayda, au centre de Gaza

Des frappes aériennes israéliennes ont été menées mercredi 22 mai à travers la bande de Gaza, notamment à Rafah (dans le sud), Jabaliya, Zeitoun et la ville de Gaza (dans le nord), selon des témoins. Tôt dans la matinée, une équipe de l’Agence France-Presse a également fait état de tirs d’artillerie dans et autour de Rafah, ville surpeuplée dont certains secteurs sont le théâtre d’opérations au sol depuis le début du mois malgré l’opposition de la communauté internationale. Des explosions ont aussi été entendues, relatent des témoins.

Dix personnes ont été tuées et plusieurs blessées à Al-Zawayda (centre), lors de frappes nocturnes, selon l’hôpital Al-Aqsa. La défense civile de Gaza a aussi fait savoir que six corps avaient été dégagés des décombres d’une maison touchée par un bombardement israélien à Jabaliya.

Toujours dans le nord du territoire, le fonctionnement des deux hôpitaux toujours en activité, tous deux situés près du camp de Jabaliya, est désormais menacé par la recrudescence des combats entre l’armée israélienne et des combattants du Hamas. Un raid israélien, qui a débuté mardi matin sur la ville de Jénine, en Cisjordanie, et a fait huit morts, selon le ministère palestinien de la santé, était toujours en cours mercredi.

L’Espagne, l’Irlande et la Norvège décident de reconnaître ensemble la Palestine comme un Etat

L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont décidé, mercredi 22 mai, de reconnaître officiellement l’Etat de Palestine. C’est la première fois depuis 2014 et une décision similaire prise par la Suède que des Etats européens franchissent cette étape symbolique, dans l’espoir d’entraîner d’autres pays à faire de même, alors que la solution à deux Etats est « en danger » en pleine guerre à Gaza.

Le ministre des affaires étrangères français a estimé, de son côté, que « la reconnaissance de la Palestine n’est pas un tabou pour la France » mais que Paris « ne considère pas que les conditions [sont] à ce jour réunies pour que cette décision ait un impact réel dans [le] processus » de la mise en avant d’une solution à deux Etats.

Israël et les Etats-Unis fustigent la reconnaissance d’un Etat palestinien

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a qualifié la décision de trois pays européens de reconnaître l’Etat de Palestine de « récompense pour le terrorisme » qui « n’apportera pas la paix ». « A ce mal, on ne peut pas donner un Etat, a estimé le dirigeant israélien, ce sera un Etat terroriste, il tentera de commettre encore et encore le massacre du 7 octobre, et nous n’accepterons pas cela. » « Une récompense pour le terrorisme n’apportera pas la paix », a déclaré M. Nétanyahou dans une vidéo diffusée par son bureau.

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Le ministre israélien de la sécurité nationale et chef du parti d’extrême droite Force juive, Itamar Ben Gvir, s’est rendu mercredi sur l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël, et a dénoncé la reconnaissance de l’Etat de Palestine. « Les pays qui ont reconnu aujourd’hui un Etat palestinien récompensent les meurtriers et les agresseurs », a affirmé M. Ben Gvir dans une vidéo publiée sur X et filmée depuis l’esplanade des Mosquées, mont du Temple pour les juifs, où il se rendait pour la première fois depuis le 7 octobre. M. Ben Gvir, coutumier des visites sur ce lieu, a aussi réaffirmé lors de son passage mercredi matin que le « site le plus sacré du peuple juif n’appartient qu’à l’Etat d’Israël ».

Aux Etats-Unis, la porte-parole de la Maison Blanche Adrienne Watson a rapporté que Joe Biden, « le président [des Etats-Unis], est un fervent partisan d’une solution à deux Etats et il l’a été pendant toute sa carrière. Il pense qu’un Etat palestinien doit voir le jour au travers de négociations directes entre les parties, non par la reconnaissance unilatérale ».

Des pays arabes saluent la reconnaissance de l’Etat de Palestine par trois pays européens

De nombreux pays arabes ont salué la décision de l’Espagne, l’Irlande et la Norvège. L’Arabie saoudite et l’Egypte, qui borde le territoire palestinien, ont été parmi les premiers à réagir. Riyad a salué une « décision positive », qui souligne « le consensus international sur le droit inhérent au peuple palestinien à l’autodétermination », et a appelé d’autres pays à faire de même.

Pour l’Egypte c’est une « étape appréciée soutenant les efforts internationaux visant à ouvrir un horizon politique ». La reconnaissance de l’Etat de Palestine est « une étape importante en faveur de la solution à deux Etats », a réagi de son côté le Qatar, un autre pays du Golfe.

La Jordanie, qui gère les lieux de cultes musulmans et chrétiens à Jérusalem, a considéré la décision comme une « étape importante et essentielle vers la solution à deux Etats ». Les six membres du Conseil de coopération du Golfe (composé de l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, le Bahreïn, le Koweït et Oman) ont également salué l’annonce. Le secrétaire général de la Ligue arabe, composée de vingt-deux pays, a appelé tous les pays à « suivre l’exemple des trois pays dans leur démarche courageuse ».

Le Monde avec AFP

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