dialoguer avec Pékin sur les droits humains, malgré tout

3678


L’exercice est long et fastidieux, le sujet lourd. Cette année encore, le 16 juin, un groupe de diplomates de l’Union européenne (UE) a parlé des droits de l’homme durant toute une journée avec des officiels d’un des pays les plus répressifs au monde : la Chine. La séquence a duré une dizaine d’heures, dans un bâtiment gouvernemental à Chongqing, dans l’Ouest chinois, après s’être tenue à Bruxelles en 2023.

Mais après 39 rounds similaires en une trentaine d’années, l’UE se heurte aux critiques d’ONG internationales parmi les plus reconnues qui jugent ce rituel diplomatique vide de sens car dénué de résultats concrets. Cinq jours avant la rencontre de Chongqing, plusieurs organisations, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont signé une lettre appelant à abandonner ce format. « La réticence de l’UE à établir une quelconque mesure de progrès, ou même à fixer des objectifs clairement définis au-delà du simple fait d’avoir un dialogue, exacerbe l’inefficacité de cet exercice », écrivent les organisations. Depuis au moins sept ans, elles appellent à conditionner ces échanges à des avancées concrètes sur des dossiers précis.

Le sort de certains détenus évoqué

Autour de la table, à Chongqing, la sous-directrice d’Asie-Pacifique du Service d’action extérieure de l’UE, Paola Pampaloni, et les diplomates qui l’accompagnaient ont évoqué les violations des droits au Tibet, au Xinjiang, à Hongkong, la peine de mort, l’absence d’indépendance de la justice et de liberté de la presse, le droit à l’égalité des femmes et personnes LGBT ; ils ont demandé que le gouvernement n’intervienne pas dans les coutumes religieuses, dont la désignation du prochain dalaï-lama ; ils ont évoqué nommément le sort de l’ex-libraire d’Hongkong et citoyen suédois condamné à dix an de prison, Gui Minhai. Ils ont abordé la question de certains Ouïgours (dont le pPrix Sakharov 2019, Ilham Tohti, condamné à perpétuité), d’activistes et d’écrivains tibétains, de chrétiens réprimés, des défenseurs des droits Yu Wensheng et Xu Yan, détenus alors qu’ils se rendaient à la délégation européenne à Pékin.

A son tour, le directeur du département des organisations internationales du ministère des affaires étrangères chinois, Shen Bo, s’est inquiété du sort des migrants en Europe, du racisme et des discriminations, et des atteintes à la liberté de manifester pour la Palestine. Signe du peu de cas que la Chine fait des recommandations occidentales : l’activiste qui a tenté de lancer le mouvement Metoo en Chine, Huang Xueqin, avait été condamnée le 14 juin à cinq années d’emprisonnement.

Il vous reste 59.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link