Deux ressortissants français ont été arrêtés en Centrafrique, a révélé jeudi 13 juin à l’Agence France-Presse une source diplomatique française, les médias locaux évoquant des « mercenaires » liés à des groupes armés et interpellés avec une importante quantité d’armes et de devises. « Nous avons pris connaissance de l’arrestation de deux ressortissants français à Bangui. Notre ambassade est mobilisée pour assurer leur protection consulaire », a expliqué cette source.
Les deux hommes, présentés comme franco-algériens, ont été interpellés lundi à Bangui « et placés en détention à la section des recherches et d’investigations », selon Radio Ndeke Luka, un média financé par l’Union européenne. Le site prorusse Ndjoni Sango a affirmé pour sa part que la perquisition de leur domicile, voisin de la résidence de l’ambassadeur de France, avait « permis de saisir des armes de guerre de marque AK-47, des munitions de gros calibre, des grenades, des casques militaires balistiques, des dizaines de millions de francs CFA, des passeports de différents pays et des tenues militaires ».
Une source à l’ambassade de France citée par Radio France internationale (RFI) a de son côté précisé que les deux hommes étaient inscrits sur les registres consulaires français à Bangui depuis 2017. Selon plusieurs sources, ils « étaient impliqués dans le secteur minier, avec des opérateurs économiques étrangers, mais aussi avec des personnalités politiques centrafricaines importantes, ce qui leur permettait jusque-là de jouir d’une protection rapprochée », a expliqué RFI. Les suspects étaient en contact permanent avec des leaders de groupes armés et certains officiers de l’armée nationale, selon Ndjoni Sango.
Les autorités de Bangui et d’Alger n’avaient pas réagi jeudi à la mi-journée. Fin mai, un consultant d’une ONG américaine détenteur de passeports belge et portugais avait été arrêté dans le sud-est du pays. Il fait l’objet d’une enquête pour « complot » présumé contre l’Etat, en lien avec des « groupes armés » rebelles, selon le parquet de Bangui.
La Centrafrique, pays parmi les plus pauvres du continent africain et affligé par une succession de guerres civiles, de coups d’Etat et de régimes autoritaires depuis son indépendance en 1960, est en proie à des guérillas multiformes menées par des rebelles ou des groupes armés. L’armée est soutenue par des mercenaires de l’Africa Corps, successeur du Groupe Wagner.
La montée en puissance russe en Centrafrique s’est accompagnée de la disgrâce de la France, ex-puissance coloniale, sur fond de sentiment antifrançais croissant. Les Russes se sont imposés parmi les principaux partenaires sécuritaires du gouvernement, tandis que les derniers militaires français ont quitté le pays en décembre 2022.