Deux ans après sa naissance, les résultats timides et les vastes chantiers du pôle « cold cases » de Nanterre

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« Avant sa création, quand vous disiez “pôle cold cases”, les gens écarquillaient les yeux, il y avait beaucoup de scepticisme, se souvient Benjamin Deparis, le président du tribunal de Nanterre. Inauguré en mars 2022, le pôle des crimes sériels ou non élucidés, son appellation officielle, célèbre ses deux ans, et plus personne ne doute de la légitimité de cette juridiction spécialisée installée dans la préfecture des Hauts-de-Seine.

Le pôle chargé de réétudier les dossiers prenant la poussière a trouvé sa place dans le paysage judiciaire et démontré son utilité, comme l’indiquent les chiffres dévoilés, jeudi 7 mars, par Benjamin Deparis et Pascal Prache, procureur de Nanterre. Depuis sa naissance, 385 procédures en souffrance ont été portées à la connaissance du parquet du pôle – par les autres parquets du pays, par des services d’enquête, par des avocats, ou même, parfois, par des familles de victimes directement.

Sur ces 385 procédures, 88 sont en cours d’instruction dans l’un des trois cabinets du pôle, et 17 sont en enquête préliminaire au parquet. Pour les 280 dossiers restant, le pôle s’est déclaré incompétent ou estime qu’ils ne sont pas prioritaires. Le plus vieux dossier date de 1972 : l’affaire Méchinaud, un couple et ses deux enfants disparus la nuit de Noël, dans la région de Cognac (Charente), jamais retrouvés. Plus de trois quarts des victimes dans les procédures en cours sont des femmes, et 25 % sont mineures. Dans sept cas sur dix, les affaires sont des homicides, le reste étant des enlèvements (22,5 %) et des viols (7,5 %).

« Ils font le boulot qu’on ne faisait plus »

Cinq personnes sont actuellement mises en examen dans le cadre de ces affaires rouvertes. La dernière l’est depuis janvier, dans l’affaire Caroline Marcel, une femme de 45 ans retrouvée morte dans une rivière du Loiret en 2008. Un suspect a été interpellé le 20 janvier, et placé en détention provisoire. L’ADN identifié sur une clé de la victime à l’époque, et qui n’était alors pas exploitable mais l’est devenu grâce aux améliorations techniques, s’est avéré être le sien.

Aux cinq mises en examen actuelles s’ajoute une affaire élucidée sans suites judiciaires : « Un cadavre a été retrouvé, et un mis en cause a été confondu par des éléments, mais ce mis en cause est décédé, explique Benjamin Deparis. Donc il n’y a pas de mise en examen, mais cela a permis d’apporter une réponse à une famille. » Par ailleurs, 2023 a vu se dérouler le premier procès consécutif au travail du pôle : celui de Monique Olivier, jugée complice de Michel Fourniret pour le meurtre de trois jeunes filles, dont Estelle Mouzin, cold case emblématique.

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