des responsables de la communauté juive déplorent la présence d’élus LFI

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« Une insulte », « indécente ». Plusieurs responsables de la communauté juive ont critiqué la présence d’élus La France insoumise (LFI) lors de la cérémonie d’hommage national aux Invalides, mercredi 7 février, rendue pour les victimes françaises des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Cet hommage, qui sera rendu par Emmanuel Macron, est « une décision importante » qui « est à l’honneur de notre pays », a affirmé sur France Inter le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, en rappelant que la France était « le seul pays au monde en dehors d’Israël » à l’avoir fait. Quarante-deux Français ou Franco-Israéliens ont été tués, trois sont toujours disparus et présumés otages, quatre otages ont été libérés et six ont été blessés.

Interrogé sur la présence attendue de plusieurs responsables de La France insoumise (LFI), M. Arfi a reconnu que selon le protocole républicain ils « ont le droit d’être présents ». Mais « parfois la politique relève de l’ordre moral. Il y a eu des propos tenus par ces élus LFI qui ont d’une certaine manière justifiée ce qui s’est passé le 7 octobre », ce « qui rend leur présence indécente », a-t-il ajouté.

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« Perdre du temps à parler de ça, c’est perdre le temps d’unité nationale »

« Vous ne pouvez pas dire à la fois [que] ce qui s’est passé n’est pas un acte de terrorisme, voire un acte de résistance, et venir rendre hommage aux victimes, il faut être cohérent », a, lui, estimé le grand rabbin de France, Haïm Korsia, sur TF1. Mais « perdre du temps à parler de ça, c’est perdre le temps d’unité nationale, la dignité de cette journée », a-t-il ajouté, disant sa « reconnaissance envers la France » pour cet hommage.

Le président du Consistoire de Paris, Joël Mergui, a, lui, vu dans la présence de ces élus LFI « une insulte aux juifs, à Israël, à la résistance ». « Quand on a l’indécence de laisser penser que c’est de la résistance, on pourrait avoir la décence de ne pas être présent face aux familles de victimes », a-t-il affirmé sur Public Sénat.

Quant au « temps mémoriel » envisagé ultérieurement pour les Français morts dans les bombardements israéliens à Gaza, M. Mergui a estimé qu’il n’est « pas question de mettre sur le même plan les victimes intentionnelles d’un plan barbare, pogrom, assassinat, avec les victimes collatérales d’une guerre ». Il faut « être vigilant sur le fait qu’il n’y a pas d’équivalence morale », a lui aussi déclaré M. Arfi. « Il n’y a pas de hiérarchies entre les hommes et les femmes de ce monde, mais le sens politique et la portée ne sont pas les mêmes », a-t-il ajouté.

Interrogé sur le soutien à la communauté juive affiché par le Rassemblement national, qui était présent à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre, M. Arfi a mis en garde contre les « faux amis » et a invité le parti de Marine Le Pen « à balayer aussi devant sa porte ».

« Je suis très vigilant sur la façon dont la lutte contre l’antisémitisme peut être instrumentalisée ou récupérée. Que le FN dénonce l’antisémitisme venu du monde islamiste, c’est important, mais ce qui m’importerait plus est qu’ils soient capables de dénoncer l’antisémitisme qui vient parfois de son propre camp, qui s’est niché dans son histoire », a-t-il ajouté.

Le Monde avec AFP



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