« Démocratiser l’espace monde », à la recherche de réseaux transnationaux citoyens

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La revue des revues. Il n’y a qu’en temps de paix que les organisations internationales fonctionnent. Née en 1919 sur les décombres de la première guerre mondiale, la Société des nations (SDN) s’est effondrée vingt ans après. L’ONU, qui a pris le relais en 1945, vient d’entrer dans une zone de turbulences avec les conflits en cours (guerre en Ukraine, entre Israël et le Hamas, etc.).

Or, « ni la SDN ni l’ONU n’ont aboli, ni même sérieusement amendé, le principe de puissance pour faire place à l’idée de démocratie », constate le politiste Bertrand Badie, l’un des seize contributeurs de la collection de l’Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (ISJPS), qui a choisi pour thème « Démocratiser l’espace monde ». « La démocratie a toujours eu un statut ambigu, souvent brouillon, en relations internationales », ajoute le spécialiste.

En outre, de nouvelles réflexions juridiques sont aujourd’hui nécessaires pour analyser les conséquences des pandémies, comme celle du Covid-19, ou du changement climatique, documenté par les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Autant de sujets transversaux qui concernent les Etats-nations et les institutions internationales. De fait, Marta Torre-Schaub, chercheuse au CNRS, rend compte des mécanismes de démocratie environnementale – dont le recours en justice climatique – et cherche à en améliorer l’efficacité.

Droit constitutionnel cosmopolitique

Les juristes Olivier de Frouville et Dominique Rousseau ont piloté ce numéro riche et foisonnant qui traite également des thèmes du travail, avec les contributions des juristes Claire La Hovary et Nicole Maggi-Germain, ainsi que de la santé. Sans oublier la question des migrations ou celle de la lutte contre la corruption à l’échelle mondiale.

Dominique Rousseau aborde la question nouvelle de la « démocratie connectée », qui inclut la démocratie en ligne et l’usage des réseaux sociaux. Il arrive à la conclusion que, « si l’adjectif “connecté” fait sens vers une méthode d’interrelations des formes de vie démocratique, il fait sens également vers ce qui l’anime : l’hybridation ». De son côté, Olivier de Frouville entend repenser le concept de Constitution à l’échelle de la planète pour définir un droit constitutionnel cosmopolitique. Alors que l’espace civique tend à se réduire dans un certain nombre de pays, l’objectif serait de maintenir, voire de renforcer des réseaux transnationaux de citoyens suffisamment puissants.

Enfin, il revient à Frédéric Mégret, professeur de droit international public à l’université McGill (Montréal, Canada), de répondre à la question : « La gouvernance mondiale peut-elle être démocratique ? » Si la démocratie semble bien le moins mauvais des systèmes politiques, l’idée de démocratie globale achoppe encore sur le sujet toujours délicat de la représentativité.

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