Début du procès d’un attentat à la voiture bélier contre des policiers à Colombes

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Le 27 avril 2020, il faisait déjà chaud, la France vivait un printemps étouffant sous la cloche du premier confinement dû à la pandémie de Covid-19. Aux alentours de 17 heures, les policiers municipaux de la ville de Colombes (Hauts-de-Seine) veulent contrôler un jeune homme à deux-roues. A leur vue, celui-ci abandonne son véhicule et s’enfuit à pied. Durant sa fuite, il croise un ami en Peugeot 508. Il s’engouffre à bord. A 17 h 25, la 508 est interceptée par deux motards de la police nationale. A bord, le conducteur, seul : le jeune homme recherché s’est volatilisé.

Pendant que les deux motards, rejoints par un équipage de la police municipale, interrogent le conducteur sur le bas-côté du boulevard de Valmy, une BMW noire arrivant en sens inverse accélère soudainement, change de file, fauche les deux motards, qui sont alors debout et sans casque. La BMW emporte une moto et vient s’encastrer dans la voiture de police. Son conducteur, immobilisé par l’airbag, continue à appuyer sur l’accélérateur, l’air calme et déterminé.

L’un des policiers municipaux, touché au genou, dégaine alors son arme de service et intime l’ordre au conducteur de descendre de la BMW et de se mettre au sol, face contre terre. Il l’entend dire : « J’ai fait ça pour les enfants tués à Gaza, je voulais tuer du flic et j’ai prêté allégeance à Daech. » Tous les policiers témoins de la scène décrivent un assaillant « extrêmement calme et serein ». Il précise même à ceux qui l’ont interpellé : « Regardez, il y a une lettre dans ma voiture. » Un autre policier, à une quinzaine de mètres, décrit un homme tranquille, « comme s’il n’avait rien fait. Il était posé. Je n’ai pas senti d’agressivité ». Les deux motards ont été gravement blessés dans l’accident. Ils souffrent à ce jour de stress post-traumatique et l’un d’entre eux a été retiré de la voie publique.

Allégeance à l’Etat islamique

Près de quatre ans plus tard, Youssef Tihlah, le conducteur de la BMW noire, sera jugé par la cour d’assises spécialement composée de Paris. Son procès, dans lequel il est accusé de « tentatives d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste », devait s’ouvrir lundi matin 11 mars.

A bord du véhicule de Youssef Tihlah, les enquêteurs ont retrouvé un couteau, acheté trois jours plus tôt, en plus d’un cran d’arrêt et d’une attestation de déplacement dérogatoire remplie au stylo et au dos de laquelle est inscrite une revendication : « Je prête allégeance à Adnan Abou Walid Al-Sahraoui [émir de l’Etat islamique au Grand Sahara, tué en 2021], digne héritier d’Abou Bakr Al-Baghdadi, nouveau émir de l’Etat islamique [tué en octobre 2019]. Aujourd’hui, je me lance à corps perdu dans la bataille pour imposer la charia sur l’ensemble de la terre, que Dieu, Allah maître de l’Univers accepte mon martyre et protège ma famille contre l’infamie. Je vous aime et nous nous reverrons au paradis. » Sur son téléphone, on découvre une photo de lui, l’index droit levé vers le ciel, qu’il a envoyée à sa mère la veille.

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