Dans l’est de la République démocratique du Congo, plus de 100 000 nouveaux déplacés en deux jours de combats

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Des manifestants dénoncent par leurs gestes le silence de la communauté internationale sur les conflits dans la province du Nord-Kivu de la République démocratique du Congo. Goma, le 19 février 2024.

Après deux jours de combats, les rebelles du M23 se sont emparés de plusieurs villes et villages du territoire de Rutshuru, dans l’est de la République démocratique du Congo, provoquant la fuite de plus de 100 000 personnes, selon l’ONU.

Etendant son emprise au Nord-Kivu, le M23 (« Mouvement du 23 mars »), épaulé par l’armée rwandaise, a pris le contrôle de la ville de Nyanzale, située à environ 70 kilomètres au nord de Goma, chef-lieu de la province. L’armée congolaise et les groupes armés qui la soutiennent ont été repoussés vers le nord.

Au cours des affrontements, au moins quinze civils, dont des enfants, sont morts dans des bombardements sur Nyanzale, ville de plus de 80 000 habitants, où plusieurs dizaines de milliers de personnes, déplacées par des affrontements antérieurs, avaient trouvé refuge. Depuis plusieurs mois, la ville était remplie de militaire congolais et de miliciens, chassés progressivement de leurs bases à mesure que le M23 gagnait du terrain.

Une source sécuritaire congolaise jointe par téléphone a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) la prise de plusieurs localités du territoire de Rutshuru. « Nous nous battons en ce moment », a-t-elle dit, précisant que « l’ennemi a pris le contrôle des villages de Kashalira, Kirima, Ngoroba et de la cité de Nyanzale ». Des affrontements étaient encore en cours mercredi soir dans plusieurs localités, y compris autour de la ville de Kibirizi, vidée en bonne partie de sa population et des humanitaires qui y travaillaient.

Obligation de « fuir à nouveau » si les hostilités persistent

Après huit ans de sommeil, le M23, rébellion majoritairement tutsi, a repris les armes fin 2021 et s’est emparé de larges pans du Nord-Kivu, jusqu’à couper début février toutes les voies d’accès terrestres menant à Goma, sauf celle de la frontière rwandaise.

OCHA, la coordination humanitaire des Nations unies, avait déclaré lundi que les « habitants des sites de déplacés et communautés hôtes » de Nyanzale et Kirima fuyaient « vers des zones plus calmes, mais où il est difficile d’apporter l’assistance en raison de l’accès » compliqué.

Estimant mercredi à « plus de 100 000 » le nombre de personnes ayant fui en deux jours de combats, l’agence onusienne s’inquiète que ces personnes « soient obligées de fuir à nouveau si les hostilités persistent » et que leurs conditions de vie deviennent « intenables si aucune assistance rapide ne leur parvient ».

Un rapport interne de la Monusco (la mission de l’ONU en RDC) consulté par l’AFP accuse le M23 d’avoir « tiré [lundi] des obus de mortier sur le camp de déplacés de Kihondo [à 3 kilomètres de Nyanzale], blessant douze civils dont cinq ont succombé à leurs blessures ». Le M23 aurait aussi « tiré six obus de mortier » près d’une base onusienne, « blessant un autre civil », ajoute le rapport.

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Fin 2023, les Nations unies estimaient que près de 7 millions de personnes étaient déplacées en RDC, dont 2,5 millions uniquement dans la province du Nord-Kivu en proie à plusieurs conflits armés.

La Mission de l’ONU en République démocratique du Congo a, elle, amorcé la semaine dernière son retrait du pays, réclamé par Kinshasa qui la juge inefficace, avec la remise officielle aux autorités congolaises de la première de ses bases du Sud-Kivu (Est). Après vingt-cinq ans de présence, le départ des casques bleus a été acté en décembre 2023 par le Conseil de sécurité des Nations unies, malgré ses inquiétudes sur l’escalade de la violence dans l’Est congolais.

Le Monde avec AFP

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