Dans les collèges, des « groupes de besoins » à géométrie variable

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C’était la mesure phare du « choc des savoirs », annoncé en décembre 2023 par Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale. Sitôt dévoilés, les groupes de niveau ont dressé l’ensemble des syndicats d’enseignants contre ce principe, ainsi que les spécialistes des sciences de l’éducation. Arrivée aux affaires en février, dans la foulée du départ de l’éphémère ministre Amélie Oudéa-Castéra, successeure de M. Attal, parti à Matignon, Nicole Belloubet a passé une bonne partie du printemps à mettre en œuvre ce projet, qu’au fond elle n’approuve pas. La mesure a commencé par changer de nom, Mme Belloubet, aujourd’hui ministre démissionnaire, lui préférant l’expression « groupes de besoins ».

En cette rentrée scolaire, la mise en place de ce dispositif au collège, pour les classes de 6e et de 5e, revêt des formes très diverses d’un endroit à l’autre. « Il existe plusieurs manières de mettre en place les “groupes de besoins”. Chaque établissement y a répondu en fonction de ses besoins propres », a déclaré Mme Belloubet, mardi 10 septembre.

D’après l’enquête de rentrée menée par le SNPDEN-UNSA, le syndicat majoritaire des chefs d’établissement, c’est exact : 60 % des répondants ont mis en place des groupes hétérogènes, 18,5 % ont panaché, en créant à la fois des groupes homogènes et d’autres hétérogènes. Seuls 21 % ont réellement regroupé les enfants par niveaux. Le SNES-FSU, qui a réalisé ses propres calculs, parvient à des ordres de grandeur légèrement différents : 35,5 % des collèges « appliquent complètement la réforme », selon la secrétaire générale du syndicat, Sophie Vénétitay. A contrario, 64,5 % ne l’appliquent pas, ou partiellement. Ainsi, selon les deux études, les collèges où la réforme est appliquée comme prévu sont minoritaires.

Pas de « suppléments d’heures »

Sur le papier, le dispositif est en effet peu contraignant : ce sont les équipes qui constituent les groupes. Seul le groupe des élèves le plus en difficulté ne doit pas dépasser quinze élèves (et encore ce chiffre n’est-il que suggéré), et il n’y a aucune contrainte de nombre pour les autres, la note de service du 15 mars précisant que « le nombre d’élèves par groupe est laissé à l’appréciation de l’établissement ».

Cela pose cependant un premier problème, la majorité des collèges n’ayant pas les moyens de faire un groupe à quinze sans saturer les autres, y compris ceux qui ont – malgré tout – des besoins : « Trente élèves ensemble, ça n’est plus un “groupe de besoins”, c’est une classe », constate Thierry (le prénom a été changé), un enseignant en mathématiques de l’Essonne.

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