dans le sud du Liban, la longue attente des déplacés

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Une réfugiée qui a fui son village du sud du Liban, dans une école transformée en refuge, à Sour (Liban), le 31 janvier 2024.

Ali, 4 ans, fonce sur son petit tricycle, dans le couloir du rez-de-chaussée de l’école technique de Sour (Tyr), transformée en abri collectif pour les familles ayant fui les affrontements à la frontière libano-israélienne. Ceux-ci opposent chaque jour, depuis le 8 octobre 2023, le mouvement chiite Hezbollah à l’armée israélienne. Les parents d’Ali sont parmi les rares, dans ce refuge, à avoir emporté des jouets : ils avaient compris que le déplacement ne serait pas bref, comme l’avaient cru ceux arrivés plus tôt, en catastrophe, dès octobre. Avec leurs deux jeunes fils, Doaa Bazzi et son mari n’ont quitté leur maison de Bint Jbeil, une petite ville à la pointe sud-est du Liban, qu’au mois de décembre. Après que « les bombardements israéliens, qui au début n’atteignaient que la périphérie de Bint Jbeil, ont frappé le cœur de la ville », précise la jeune femme âgée de 25 ans.

Le couple fait partie des plus de 86 000 habitants – selon les Nations unies – qui ont fui leur maison du sud du Liban, depuis octobre. Les plus chanceux ont loué un logement ou ont trouvé un toit chez des proches, parfois même dans le Sud, mais dans des zones moins exposées aux frappes israéliennes. Les plus démunis se sont tournés vers les structures d’accueil. La région de Sour abrite le plus grand nombre de déplacés, avec plus de 25 000 personnes. « On entend régulièrement le son de bombardements à distance », raconte Doaa Bazzi.

La ville a été jusqu’ici épargnée. Elle n’est pas un point de départ des attaques lancées par le Hezbollah contre Israël. Mais la proximité des violences a mis l’activité économique en pause. La centaine de déplacés qui s’entassent dans l’école s’accrochent à l’espoir d’un prochain retour dans leur foyer. « On se dit : “Dans quelques jours, ça va finir, on rentrera chez nous”, confie Doaa. Mais les jours passent. Tout le monde parle maintenant d’une possible trêve [à Gaza, entre le Hamas et Israël. La précédente, fin novembre, avait aussi concerné le front libano-israélien]. Moi, je n’ose pas y croire. »

Cinq écoles ouvertes aux déplacés

En attendant, il faut s’adapter à une nouvelle vie, précaire. Tandis que Doaa Bazzi parle, les discussions de ses voisins résonnent dans la pièce : des bâches font office de cloisons pour diviser la salle de classe. Parce que le nombre de déplacés a augmenté, il a fallu créer de l’espace. Cette promiscuité gêne la jeune femme. Des matelas et des couvertures, distribués à l’arrivée, sont empilés sur une étagère pendant la journée.

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