Dans la région ukrainienne de Soumy, à la frontière avec la Russie, l’évacuation des civils s’accélère

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Le visage de Lidia se déchire dans un sanglot alors qu’elle observe sa maison depuis la fenêtre d’un minivan s’apprêtant à l’emmener à des kilomètres de chez elle. L’intensification des bombardements sur son village de Iounakivka, en Ukraine, a fini par la forcer à demander une évacuation avec ses parents âgés.

Dimanche 11 août, à la veille de ce départ en trombe le long d’une route de terre, deux bombes aériennes guidées russes se sont fracassées à une rue de distance. « C’était épouvantable, se souvient-elle, secouée de spasmes, tandis que d’autres civils pénètrent dans le véhicule. Tout ce que je suis parvenue à faire, c’est prier. » Nul ne sait si elle reverra un jour le village et sa maison. Les affaires des familles ont été préparées à la hâte, rassemblées dans des cabas contenant des vies entières.

Le déclenchement, quelques jours plus tôt, le 6 août, de l’incursion ukrainienne sur le sol de la Fédération de Russie – la frontière est à quelques kilomètres à peine de Iounakivka –, a provoqué une intensification des bombardements russes sur les zones toutes proches. Depuis, ces territoires se sont brutalement transformés en zone de guerre où circulent à toute vitesse des convois militaires ukrainiens entrant et sortant de Russie.

Les évacuations des civils, impossibles à réaliser avant l’incursion en raison du secret militaire, nécessitent d’agir avec rapidité. Elles sont menées par des militaires, des policiers et des volontaires quand les Ukrainiens ne peuvent partir d’eux-mêmes. Serhiy Nadyarny, chargé de communication de l’administration de la région de Soumy, affirme que « plus de 45 000 personnes » sont susceptibles d’être éloignées, « dont 3 600 enfants ». Selon ce porte-parole, environ 20 000 habitants se sont déjà enfuis.

Une famille ukrainienne, dont la maison est située à quelques kilomètres de la Russie, est évacuée par l’association Vostok-SOS, à Iounakivka, dans l’oblast de Soumy (Ukraine), lundi 12 août 2024.
La cuisine de Nina, 90 ans, à Iounakivka, dans l’oblast de Soumy (Ukraine), lundi 12 août 2024.

Dans le petit village de Iounakivka, lundi 12 août, l’organisation de volontaires Vostok-SOS, déjà active depuis 2014 dans l’est du pays, assistait encore plusieurs Ukrainiens, tout en proposant à d’autres civils de partir. Des explosions retentissaient au loin, alors que le minivan s’apprêtait à reprendre la route pour la ville de Soumy, à une trentaine de kilomètres.

Intensification des frappes russes

L’intensification des frappes sur les villages a poussé de nombreuses personnes à trouver refuge dans la grande ville voisine, épargnée ces derniers temps par les bombardements. Si les tirs d’artillerie sur les zones frontalières se sont réduits avec le recul des forces armées russes, les civils rencontrés disent tous observer une intensification des frappes avec des bombes aériennes guidées.

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