Course d’aviron chez les gamètes

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Les Jeux « lympiques » (« o » et « para ») sont terminés. Quel vide ils laissent en nos vies, maintenant qu’ils s’en sont allés promouvoir ailleurs l’élitisme des corps et l’amitié entre les peuples ! Nous vaquons tristement à nos occupations de rentrée, pauvres mortels aux performances moyennes, réussissant, avec de la pratique, le lancer de brouillon à la corbeille de notre bureau (2 points) ou de la photocopieuse (3 points)…

Pourtant, dans nos organismes en proie à cet état neurasthénique, il est chez les hommes une zone où le sport ne connaît pas de sitôt la pause, car les athlètes y sortent continûment du centre de formation, fin prêts pour la course que consacrera au mieux une unique médaille d’or. On parle bien évidemment des spermatozoïdes, dont le regretté Ricet Barrier a relaté la course brève et cruelle dans une chanson, Les Spermatozoïdes (300 millions), dont seul le titre est un peu démodé, après cinq décennies de pesticides et autres PFAS.

Dans un article publié en juillet 2023 par la biennommée revue Physical Review X Life, des physiciens italiens ont mesuré précisément les performances de ces micro-athlètes. Ils ont pour cela réussi à emprisonner dans une minuscule cage la tête d’un spermatozoïde, et noté que la dynamique de sa queue, ou flagelle, n’est pas impactée par ce qui se passe au niveau de sa tête. Ce dispositif permet de filmer le mouvement du flagelle (0,05 millimètre) et d’accéder, ce faisant, aux propriétés de ce mouvement qui n’est pas toujours périodique, car il présente de temps en temps des fluctuations aléatoires.

Un mouvement de nage efficace

Mais pourquoi donc ces biophysiciens se sont-ils intéressés à ces « ratés » du moteur spermatique ? Pour répondre à cette question et comprendre leur démarche, il faut rappeler brièvement ici que le fouettement du flagelle est provoqué par plusieurs centaines de milliers de moteurs moléculaires, les dynéines, situées partout dans la queue du spermatozoïde. Celle-ci est comme une brassée de cylindres microscopiques tenus ensemble (les microtubules) que l’action des dynéines force à coulisser les uns par rapport aux autres le long de leur axe, provoquant la flexion locale de la queue.

Ce mécanisme est très imparfaitement connu, en particulier le degré de coordination de ces moteurs qui, de par leur petite taille, connaissent d’importantes fluctuations de fonctionnement. Pour que le mouvement de nage de la queue du spermatozoïde soit gracieux, et surtout efficace, il faut que ces kyrielles de dynéines réparties tout du long ne fassent pas n’importe quoi, chacune dans son coin, mais coordonnent leur effort. Cette coordination est principalement assurée par le fait que les dynéines sont sensibles à la courbure locale du flagelle, mais des observations récentes par microscopie électronique ont montré que de très fortes interactions entre dynéines adjacentes existent par ailleurs, sans que l’intensité et le rôle de ce couplage local soient connus.

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