comment les nomades numériques ont inventé une nouvelle façon de vivre et travailler

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« Coliving » dans une villa au Costa-Rica, proposée par le site Outsite.

Enchaîner les visioconférences dans un grand espace commun, avant de surfer sur quelques vagues en soirée et de partager repas et activités avec des colocs tout juste rencontrés la veille. Le tout pour quelques jours ou quelques semaines, avant de s’envoler pour ailleurs. Alliant l’utile et l’agréable, le travail et les loisirs, l’individuel et le collectif, les propositions de coliving éphémère dans des spots d’exception, en France ou à l’étranger, se multiplient.

Cap-Ferret ou Cape Town ? Morzine ou Tenerife ? Free-lance et salariés nomades ont désormais l’embarras du choix pour se poser là où ils en ont envie, sans crainte de se retrouver seuls et de devoir batailler avec une connexion Internet faiblarde. Profitant du développement du « workation », contraction des mots anglais « work » (« travail ») et « vacation » (« vacances »), ou en français « tracances », ce concept de travail loin de son bureau ou de chez soi, dans des lieux où il fait bon se reposer (bord de mer, montagne, campagne), a fait naître tout un écosystème d’espaces hybrides avec vue

Emmanuel Guisset a fondé le site Outsite en 2015, à partir de son expérience personnelle. Cinq ans auparavant, l’entrepreneur belge, installé en Californie, se retrouve « digital nomad » après avoir quitté sa start-up. Fatigué de chercher un lieu où se poser pour vivre et travailler, il transforme une villa à Santa Cruz, près de San Francisco, pour en faire une halte mixte. La formule prend. Avec ses premiers clients, devenus depuis des associés, il est aujourd’hui à la tête d’un des principaux opérateurs de coliving de courte durée (avec Selina, une chaîne hôtelière créée en 2014 par deux entrepreneurs israéliens) : pour poser leur ordinateur et leurs valises, ses quelque cinq mille clients réguliers ont le choix entre une cinquantaine de destinations.

Echapper aux mesures anti-Airbnb

En 2021, la start-up passe des grandes maisons aux petits hôtels, « plus faciles à transformer pour en faire des espaces de coliving, de dix à cinquante chambres, avec de grands espaces communs », explique le quadragénaire, qui en ce moment a pris ses quartiers d’hiver au Costa Rica, avant de s’envoler dans quelques mois pour le Portugal. Les « colivers » (en majorité des Américains travaillant dans la tech et le marketing, ou des créatifs) y séjournent entre trois jours et quatre mois maximum. « Au-delà, les gens prennent leurs habitudes et la dynamique de groupe est cassée. »

Proposant des biens principalement en Amérique latine (Mexique, Chili, Costa Rica, Nicaragua…), aux Etats-Unis (Californie, Colorado, New York…) et en Europe du Sud, la start-up, grâce aux 300 millions d’euros apportés fin 2023 par trois fonds d’investissement, espère quadrupler en cinq ans le nombre de ses chambres, pour dépasser les 3 500. Dans son viseur, le Portugal (Madère est une des destinations les plus prisées par les « colivers ») et l’Espagne, mais aussi la France. Déjà installé à Bordeaux et au Pays basque, Outsite devrait ouvrir, après les Jeux olympiques, son premier coliving de courte durée à Paris. Moins coûteux en charges et en personnel que l’hôtellerie classique, le modèle présente l’avantage d’échapper aux limitations et interdictions frappant les locations de meublés touristiques (type Airbnb), déjà effectives ou en projet dans nombre de grandes villes.

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