En quelques trimestres, les fonds cotés sur indices, les fameux ETF (exchange traded funds), se sont imposés dans le paysage de l’épargne. Selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), le nombre d’investisseurs ayant réalisé au moins une transaction sur un ETF a été multiplié par quatre en cinq ans. Fait notable, les plus grands amateurs d’ETF sont des jeunes de moins de 35 ans. Il faut dire que ce type de placement a tout pour plaire aux néophytes en Bourse. Ils sont simples à comprendre, puisqu’ils répliquent mécaniquement, donc de façon passive, le cours d’un indice, comme le CAC 40 parisien ou le S&P 500 américain, ou simplement un panier de valeurs. Pas de frais d’entrée, des frais de gestion réduits autour de 0,5 % et la possibilité de les acheter et de les vendre en continu, comme des actions.
Ajoutez à cela un accès facilité grâce à l’arrivée de courtiers low-cost et de plateformes en ligne, qui transforment l’investissement boursier en jeu, en profitant de l’émergence d’une nouvelle génération de « finfluenceurs » sur les réseaux sociaux. De quoi définitivement ringardiser les fonds de placement, animés par des « gérants stars », tenus de faire mieux que « le marché ».
Un succès qui devrait encore s’accélérer avec l’arrivée des premiers ETF bitcoin à la Bourse de Paris. Selon nos informations, le géant américain BlackRock devrait enfin pouvoir lister ses ETF sur la cryptodevise à la Bourse de Paris dès le mois de mars 2025. Ils étaient jusqu’à présent interdits par la directive Ucits (undertakings for collective investment in transferable securities).
Cette nouvelle génération de trackers devrait profiter de l’autorisation, depuis le 2 avril 2024, de coter à Paris des ETF « actifs ». AXA IM et BNP Paribas AM ont été les premiers à s’engouffrer dans la brèche en cotant les neuf premiers trackers actifs. Beaucoup devraient suivre. Selon Bloomberg, la collecte des ETF actifs a fortement augmenté ces dernières années. Fin 2017, les encours mondiaux sous gestion n’étaient que de 58 milliards de dollars, pour atteindre près de 1 000 milliards de dollars fin 2024.
Les grandes maisons de gestion
Si le principe d’un ETF « actif » semble contre-intuitif, tant le succès de ce produit est lié à sa « passivité », c’est-à-dire sa capacité à répliquer parfaitement un indice, il ne l’est finalement pas tant que cela. « Un ETF est une enveloppe qui peut accueillir toutes sortes de stratégies d’investissement », rappelle Roni Michaly, patron de Galilée AM et professeur de finance à l’ESCP. « La gestion active permet à ce type de fonds cotés de surperformer un indice, de générer de l’“alpha” dans le jargon financier, ou simplement d’intégrer des options pour lisser les rendements », ajoute-t-il.
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