Le remaniement des ministres et de leur cabinet en ce début d’année 2024 a été l’occasion d’un nouveau rappel à loi en faveur de la parité. Selon nos informations, plusieurs courriers ont été envoyés depuis mars 2023 aux différents ministres pour leur rappeler qu’aux termes de la loi du 19 juillet 2023 visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique, la parité stricte (50 % de collaborateurs de chaque sexe) devrait être atteinte dans les cabinets des ministres et du chef de l’Etat d’ici le 1er janvier 2026.
Contrairement aux administrations qui doivent, depuis 2017, respecter un quota sous peine d’amende, dans les cabinets, il reste deux ans pour se mettre en conformité. En attendant, l’exécutif s’est fixé un objectif intermédiaire de 40 % minimum d’hommes ou de femmes, selon les indications de Matignon – rédigées à l’origine par le directeur de cabinet de l’ex-première ministre Elisabeth Borne.
Cet objectif chiffré est globalement atteint, selon les calculs réalisés par Le Monde à partir des nominations dans les cabinets ministériels du gouvernement de Gabriel Attal. Certains ministères comme l’Europe, le logement ou la mer n’ont toujours pas publié d’autres postes que ceux de direction au Journal officiel, mais sur près de 400 membres de cabinets ministériels déjà nommés au 7 mars 2024, la part des femmes frôle 42 %.
Peut-on dire pour autant que le chemin pour la parité est en bonne voie ? Pas vraiment, car certains ministères font encore de la résistance. Mais, surtout, au-delà du pourcentage global, un examen détaillé des nominations montre que, dans les cabinets ministériels, les femmes se voient toujours reléguées aux tâches les moins stratégiques et les moins prestigieuses.
Une lente amélioration depuis 2017
Les cabinets ministériels du gouvernement Attal présentent un visage plus paritaire que lors du premier quinquennat du président Emmanuel Macron (2017-2022). Un premier décompte réalisé par Le Monde fin 2017 aboutissait au constat que plus de la moitié des cabinets du deuxième gouvernement d’Edouard Philippe comprenaient moins de 40 % de femmes. Sept ans plus tard, dans le gouvernement Attal, seul un quart des cabinets sont hors des clous (9 ministères ou secrétariats d’Etat sur 35).
Reste que la parité exacte, qui sera obligatoire dans moins de deux ans, est loin : deux tiers des ministères (24 portefeuilles sur 35) ne l’atteignent pas encore.
Les postes les plus importants réservés aux hommes
La question d’une équitable répartition des fonctions entre les deux sexes n’ayant pas été définie par la loi, la lettre envoyée par Matignon aux ministères soulignait qu’il faudrait malgré tout porter « une attention toute particulière aux nominations dans les directions de cabinet (directeur du cabinet et directeur adjoint, chef de cabinet) ».
Il vous reste 41.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.