comment Emmanuel Macron espère convaincre les Français de la gravité de la situation

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Le président Emmanuel Macron s’exprime lors d’une conférence de presse, à Prague, le 5 mars 2024.

Le tragique de l’histoire s’est invité à l’Elysée. Mercredi 6 mars, il est 18 heures quand François Hollande franchit les portes du palais présidentiel pour rejoindre le salon doré où le précède Emmanuel Macron. Au premier étage, aux côtés d’une toile obscure de Soulages, les deux chefs d’Etat, l’un ancien, l’autre en fonction, parlent de la guerre qui frappe l’Ukraine, envahie depuis le 24 février 2022 par les troupes russes, et de l’opinion qui tend à l’oublier. L’ancien président reste un peu plus d’une heure avec Emmanuel Macron, obligeant Nicolas Sarkozy, convié à sa suite, à 19 heures, pour le même entretien, à patienter pour son audience.

François Hollande avait quelques conseils à donner à son successeur, lui qui a vécu, lors de son mandat, la révolution proeuropéenne de Maïdan en 2014 à Kiev, à l’origine d’une grande partie de la fureur de Vladimir Poutine. En diplomatie, en particulier avec le chef du Kremlin, qui, selon l’ancien président, ne comprend que le rapport de force, il est préférable de « ne pas dire ce que l’on va faire et de faire ce que l’on n’a pas dit », confie François Hollande à quelques journalistes sur le perron de l’Elysée. « Moins on en dit, mieux on agit », insiste-t-il avant de quitter la rue du Faubourg Saint-Honoré. Telle est la logique de dissuasion, pense l’ancien président de la République.

Nicolas Sarkozy qui s’est éclipsé du palais loin des caméras après son entretien, s’est montré moins disert. Il avait peut-être déjà tout dit dans son ouvrage, Le Temps des combats (Fayard, 2023). « La France a tort de livrer des armes à flux continu à l’un des belligérants », écrit-il, pointant l’Ukraine. Le Parquet national financier a ouvert une enquête en 2020 sur les raisons pour lesquelles M. Sarkozy a été rémunéré à hauteur de 500 000 euros par une société d’assurances russe, Reso-Garantia.

« Ce qui se joue, c’est la défense de nos valeurs »

Aux dires de l’Elysée, Emmanuel Macron voulait « consulter » et « recueillir les avis » de ses pairs sur cette crise géopolitique majeure. Un tel cérémonial est rare, signe que l’heure est grave. Voilà un peu plus d’une semaine, à l’issue d’un sommet sur l’Ukraine à Paris, le 26 février, le chef de l’Etat a indiqué qu’il n’y avait, pour le moment, « pas de consensus pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol ». Mais « rien ne doit être exclu », avait-il ajouté. Emoi international. Tollé intérieur. L’OTAN tempère le propos et l’opposition étrille le comportement jugé « va-t’en-guerre » du chef d’Etat, accusé par ses contempteurs de précipiter une troisième guerre mondiale. « Emmanuel Macron joue au chef de guerre mais c’est la vie de nos enfants dont il parle avec autant d’insouciance », s’époumone sur X la leader d’extrême droite Marine Le Pen.

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