« C’est le peuple du Maghreb qui est touché et qu’importe la politique »

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Comme oubliés. Balayés. Face au drame, les désaccords politiques et les tensions diplomatiques entre les communautés d’origine algérienne et marocaine s’effacent. Du moins pour les diasporas établies en France. Seule compte la solidarité. C’est le constat que dressent les associations qui viennent en aide aux victimes du séisme qui a frappé la province marocaine d’Al Haouz, au sud de la ville de Marrakech, dans la nuit du 8 au 9 septembre, faisant, à ce jour, plus de 2 900 morts et 5 500 blessés.

« Nous sommes issus de la même région, nous partageons la même religion, les mêmes traditions, la même culture, la même langue, nous sommes des peuples frères », résume Farah Trari, Amiénoise de 39 ans dont les parents sont originaires d’Algérie. Chargée de clientèle dans une banque, elle s’est précipitée à l’Amicale des travailleurs et commerçants marocains d’Amiens dès le lendemain du tremblement de terre pour apporter vêtements et produits d’hygiène. L’association a lancé une cagnotte en ligne et une collecte (vêtements, tentes, couvertures…). Active dans la région de Marrakech, elle soutient l’installation de dispensaires et disposait déjà de matériel hospitalier. Reste à les acheminer. Selon son président, Imed Ramli, la communauté marocaine de Picardie compte entre 20 000 et 30 000 habitants. « Certains ont fait des dons de 2 euros, confie-t-il, très ému. C’est à la fois réjouissant, magnifique et ça fait mal au cœur. »

« Algérocaine »

Dans les quartiers populaires du nord d’Amiens, les communautés algériennes et marocaines vivent ensemble depuis des décennies, et parfois, raconte Shérazade El Guili, intervenante sociale de 23 ans, « il a pu y avoir quelques grosses discordes, surtout entre les anciens, il y a des nationalismes qui s’expriment, mais les jeunes sont moins là-dedans, et surtout, face au drame, la question ne se pose pas, pour personne ».

Shérazade El Guili est « algérocaine », un terme « populaire », explique-t-elle : sa mère est d’origine algérienne, son père d’origine marocaine, « alors forcément, raconte-t-elle, on m’a souvent demandé de faire un choix. Pour moi, c’est comme si on me demandait si je préférais mon père ou ma mère. » Elle n’a jamais choisi. Et n’a pas hésité à pousser les portes de l’Amicale pour offrir son aide. « Certes, les Marocains ont leur mosquée et les Algériens la leur, longtemps, Amiens nord a eu un club de foot algérien et un club marocain, mais ça n’est plus le cas, et tout cela n’a jamais empêché les mariages entre les deux communautés par exemple », précise Farah Trari. « Pour moi, pour nous, le drame s’est déroulé au Maghreb, c’est mon peuple, c’est le peuple du Maghreb qui est touché et qu’importe la politique, qu’importe le reste », renchérit Naïma Benzineb, 23 ans, franco-algérienne amiénoise.

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