Dans la bande de Gaza, la guerre est entrée dans son quatrième mois. Depuis le début, les opérations militaires israéliennes ont fait 23 210 morts à Gaza, majoritairement des femmes et des mineurs, selon un dernier bilan, mardi 9 janvier, du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Dans les dernières vingt-quatre heures, 126 personnes ont été tuées, toujours selon ce nouveau bilan qui n’a pu toutefois être vérifié de manière indépendante, qui fait également état de 59 167 personnes blessées depuis le 7 octobre.
Les craintes d’une escalade régionale du conflit entre Israël et ses autres ennemis, une alliance informelle de groupes armés soutenus par l’Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, n’ont cessé de croître. Les frappes israéliennes et les échanges de tirs avec le mouvement islamiste Hezbollah soutenu par l’Iran sont quasi quotidiens.
Le mouvement palestinien appelle les pays musulmans à le soutenir « avec des armes »
Le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, a appelé mardi 9 janvier les pays musulmans à le « soutenir » dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza en lui fournissant « des armes ».
« Le rôle de la nation musulmane (…) est majeur » et « le temps est venu de soutenir la résistance avec des armes, parce que c’est la bataille d’Al-Aqsa et non pas seulement la bataille du peuple palestinien », selon un discours prononcé à Doha, dont le texte a été transmis aux médias dans la bande de Gaza. La mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, est le troisième lieu saint de l’islam.
Le Hezbollah dit avoir visé un centre de commandement dans le nord d’Israël
Le mouvement islamiste libanais a déclaré dans un communiqué avoir ciblé « le centre de commandement de la région nord de l’armée » israélienne à l’aide de « plusieurs drones suicides », en « réponse » à l’élimination le 2 janvier du numéro deux du Hamas, Saleh Al-Arouri, et à celle de son responsable, Wissam Tawil, tué lundi.
De son côté, l’armée israélienne a annoncé que « des intercepteurs avaient été lancés vers plusieurs cibles aériennes hostiles traversant le Liban en direction du territoire israélien », après que des sirènes ont retenti. L’armée a confirmé qu’« un appareil aérien ennemi était tombé sur sa base » dans le nord d’Israël, « sans faire de blessés ni de dégâts ».
Le numéro deux du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem, a déclaré mardi que l’assassinat de dirigeants, notamment Wissam Tawil, qu’il a décrit comme « un commandant de la force Radwan », l’unité d’élite du Hezbollah, n’était pas « un frein mais plutôt une motivation à aller de l’avant avec plus de détermination ».
Antony Blinken insiste auprès de Benyamin Nétanyahou sur l’« importance » d’épargner les civils
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a appelé mardi à Tel-Aviv le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à épargner les civils palestiniens pris au piège dans le petit territoire assiégé. Au cours de sa quatrième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre, M. Blinken a réaffirmé auprès de M. Nétanyahou « le soutien [américain] au droit d’Israël à prévenir une répétition des attaques du 7 octobre et insisté sur l’importance d’éviter plus d’atteintes aux civils et de protéger l’infrastructure civile à Gaza », selon un communiqué du département d’Etat. Le plus haut diplomate américain a en outre réitéré auprès du premier ministre israélien la nécessité d’assurer « une paix durable pour Israël et la région, ce qui suppose la création d’un Etat Palestinien », ajoute le communiqué.
Lors de son entretien avec Isaac Herzog, le président d’Israël, M. Blinken a évoqué le « moment très difficile » que traverse Israël, tout en disant que le pays avait des « chances réelles » d’intégration dans la région parmi ces voisins arabes.
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En marge de ses entretiens à Tel-Aviv, le secrétaire d’Etat américain devait rencontrer des familles d’otages, réitérant les « efforts sans relâche pour les faire libérer ». Les efforts en cours pour leur libération ont fait partie des discussions entre MM. Blinken et Nétanyahou.
L’armée israélienne annonce la mort de neuf soldats à Gaza en un jour
L’armée israélienne a annoncé mardi la mort de neuf soldats dans la bande de Gaza la veille, un de ses bilans quotidiens les plus lourds depuis le début de son opération terrestre dans le territoire côtier palestinien. Selon les médias israéliens, six de ces neuf soldats tués sont morts dans l’explosion d’un camion de l’armée israélienne chargé d’explosifs et destiné à détruire des infrastructures souterraines. Des dizaines de soldats ont aussi été blessés dans cette explosion. Au total, selon l’armée, 185 de ses soldats sont morts depuis le 27 octobre.
L’armée israélienne a par ailleurs poursuivi mardi ses bombardements contre le Hamas dans la bande de Gaza, alors que M. Blinken effectue sa visite en Israël. Un correspondant de l’Agence France-Presse a fait état de bombardements intenses dans la nuit à Khan Younès et Rafah.
De son côté, l’armée israélienne a annoncé que ses forces avaient tué environ quarante militants au cours des dernières vingt-quatre heures dans le cadre d’« opérations terrestres élargies comprenant des frappes aériennes » à Khan Younès, et que ses troupes avaient saisi des armes. De leur côté, dans deux communiqués, les Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont affirmé lundi avoir « tué et blessé » des soldats israéliens et « ciblé » un char Merkava dans le secteur de cette ville.
L’OMS dit voir son accès à Gaza se « réduire »
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mardi voir sa capacité de venir en aide aux habitants de Gaza se « réduire » alors qu’une « catastrophe humanitaire » est en cours dans ce territoire ravagé par la guerre menée par Israël contre le Hamas. « Nous voyons cette catastrophe humanitaire se dérouler devant nos yeux. Nous voyons le système de santé qui s’effondre très rapidement », a dit Sean Casey, un coordinateur des équipes d’urgence de l’OMS, par vidéoconférence depuis Gaza.
Selon M. Casey, l’OMS n’a « pas vu de baisse d’intensité » sur le terrain. « Ce que nous voyons toujours, c’est un nombre énorme de victimes des combats, comme des blessures par des éclats, par balles, par écrasement dans des bâtiments qui s’effondrent : cela continue d’arriver tous les jours », a-t-il dit. En dépit d’une résolution le mois dernier du Conseil de sécurité de l’ONU qui demandait que davantage d’aide puisse être apportée à Gaza, selon l’OMS les choses n’ont fait qu’empirer. « Nous avons vu l’espace humanitaire se réduire », a dit M. Casey.
Il a souligné que l’OMS et d’autres organisations des Nations unies « tentaient en permanence d’atteindre les zones qui en ont le plus grand besoin ». « Chaque jour nous formons nos convois, nous attendons l’autorisation mais nous ne l’avons pas », a-t-il déploré. « Alors nous revenons et nous recommençons le jour suivant. » L’OMS n’a pas pu se rendre dans le nord de Gaza ces deux dernières semaines, et a dû y annuler six missions prévues.
La CPI enquête sur les crimes contre les journalistes
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré mardi que les crimes contre les journalistes étaient inclus dans son enquête sur des crimes de guerre à Gaza, où plusieurs dizaines de journalistes ont été tués.
« RSF [Reporters sans frontières] a obtenu que le procureur de la Cour pénale internationale inclut les crimes contre les journalistes dans son enquête sur la Palestine », s’est félicitée l’ONG dans un communiqué lundi. « Les crimes contre les journalistes sont examinés par le bureau du procureur, parmi d’autres crimes potentiels, dans le cadre de l’enquête en cours sur la situation en Palestine, et les objectifs et les actions de RSF doivent être soutenus et revêtent une importance cruciale à Gaza et ailleurs », a déclaré le bureau du procureur de la CPI.
« Les journalistes sont protégés par le droit international humanitaire et le statut de Rome [texte fondateur de la CPI] et ne doivent en aucun cas être pris pour cibles dans l’exercice de leur importante mission », a-t-il poursuivi. Au moins 79 journalistes et professionnels des médias, en grande majorité palestiniens, ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le Comité pour la protection des journalistes. L’ONU s’est dite « très préoccupée » lundi par ce « bilan élevé ».