« Ce qui nous semble incontrôlable, ce n’est pas la dépense publique mais le transfert massif de la solidarité nationale au profit des acteurs les plus forts du système »

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Alors que le gouvernement vient d’annoncer 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires dès cette année sur le budget de l’Etat et jusqu’à 20 milliards d’euros qui devront être trouvés dans le budget 2025, nos associations sonnent l’alarme face à ces orientations qui mettent en danger notre système social et, plus largement, l’avenir de notre société.

En dépit des précautions du ministre de l’économie indiquant que les Français seraient épargnés et que l’effort ne concernerait que l’Etat, cette nouvelle contraction annoncée du budget va toucher significativement les personnes les plus vulnérables qui n’ont pas d’autre choix que de vivre des maigres revenus de leur travail ou des transferts sociaux, mais aussi le fonctionnement de nos services publics garants de la cohésion sociale et du bien-vivre ensemble.

Ce mouvement, qui n’est que l’amorce d’autres perspectives de restrictions budgétaires encore plus massives dans les prochaines années, ne peut nous laisser sans réaction. Au-delà de l’exercice convenu d’une indignation attendue émanant de ceux qui sont les porte-voix des plus fragilisés et trop souvent renvoyés à leur humanité coupée des contraintes économiques, nous voulons nourrir le débat public et faire émerger d’autres constats partagés susceptibles de peser sur les évolutions en cours.

Nos associations sont ainsi particulièrement préoccupées du démantèlement progressif des dispositifs de protection sociale dans un contexte d’apathie globale. La réforme annoncée de l’allocation spécifique de solidarité (ASS) en est l’illustration symbolique, tout comme la situation sinistrée du secteur de l’aide à domicile qui met en danger les personnes en situation de handicap et les personnes âgées.

L’Etat-providence en grand danger

Nous sommes aussi inquiets de la stigmatisation croissante de certaines personnes qui sont renvoyées à la responsabilité individuelle de leur situation défavorable, avec en particulier la figure emblématique du chômeur qui n’en fait pas assez et qui s’installerait durablement comme bénéficiaire de l’assurance-chômage, devenant un coût insoutenable pour la collectivité.

Nos associations dénoncent aussi la mécanique en cours opposant des catégories de personnes entre elles et organisant la concurrence des causes à financer par l’argent public. Par exemple, les personnes souffrant d’une affection de longue durée (ALD) ou utilisant les transports médicalisés seraient soupçonnées d’abuser de la générosité de notre système de protection sociale.

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