Boeing sous surveillance du « gendarme » américain de l’aviation

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Un hélicoptère de sécurité survole le vaisseau spatial Starliner de Boeing avant que son vol ne soit annulé,  à Cap Canaveral, en Floride (Etats-Unis), le 01 juin 2024.

« Too big to fail », « trop grosse pour tomber » : l’expression qualifie dans doute mieux que tout autre le constructeur aéronautique Boeing. Le géant né à Seattle a de nouveau enregistré une sévère déconvenue, samedi 1er juin, avec l’interruption pour la deuxième fois en moins d’un mois de son vol inaugural de transport d’astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS), trois minutes cinquante secondes avant son lancement. Des données d’un ordinateur de contrôle ont entraîné l’interruption automatique du lancement à Cap Canaveral, en Floride. En mai, c’était une « petite » fuite d’hélium qui avait entraîné l’annulation du vol, problème qui n’a d’ailleurs pas été résolu, mais dont Boeing et la NASA ont finalement décrété qu’il était bénin.

L’affaire hypothèque un peu plus l’avenir de Boeing dans le spatial, écrasé par son concurrent SpaceX. La compétition entre Boeing et la firme d’Elon Musk a commencé en 2014, lorsque la NASA avait attribué 4,2 milliards de dollars à Boeing et 2,6 milliards de dollars à SpaceX pour créer des véhicules destinés à transporter les astronautes dans l’espace. La société de M. Musk avait réussi son premier vol habité en mai 2020, sous les applaudissements du président Donald Trump, et réalisé depuis huit vols habités vers l’ISS pour la NASA. Une première depuis l’arrêt de la navette spatiale en 2011.

Boeing, qui est censé convoyer six équipages, n’en a envoyé aucun. Le premier test en 2019, non habité, avait été un désastre et la capsule n’avait jamais atteint la Station internationale. Faute de progrès, en 2021, fait exceptionnel, la NASA avait réaffecté un vol Boeing à SpaceX. Au total, Boeing a englouti 5 milliards de fonds de développement de la NASA et subi 1,5 milliard de dollars de surcoûts. Sans succès.

Un contexte de repli nationaliste

Boeing n’en finit pas d’aller mal, comme en témoigne, côté civil, le double crash de ses 737 MAX 8, en 2018 et 2019, ainsi que la « porte bouchon » aspirée en plein vol, en janvier, sur un appareil 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. L’enquête a montré que les vis de la « porte bouchon, » posées sur un appareil neuf avaient été enlevées pour une réparation et n’avaient pas été remises avant sa livraison.

En dépit du tumulte, Boeing reste malgré tout relativement épargnée par les autorités, dans un contexte de repli nationaliste américain et de volonté d’indépendance stratégique. Washington ne peut pas lâcher le rival actuellement distancé d’Airbus, le fabricant à prix exorbitant d’Air Force One, l’avion présidentiel des Etats-Unis, et le grand fournisseur du Pentagone.

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