Avec la visite d’Emmanuel Macron à Riyad, la France et l’Arabie saoudite promettent de multiplier les coopérations bilatérales

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Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, accueille le président français, Emmanuel Macron, à Riyad, lundi 2 décembre 2024.

Au premier des trois jours de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite, le prince héritier du royaume, Mohammed Ben Salman, n’a pas caché les ambitions des deux pays dans leur volonté d’accentuer leur collaboration. « Transition énergétique, défense, mobilités, culture et bien plus : nous allons multiplier nos coopérations dans tous les domaines », s’est ainsi félicité sur le réseau X, lundi 2 décembre, le dirigeant de facto de ce puissant acteur régional, à l’issue d’un entretien et d’un dîner avec le président français.

Ce partenariat stratégique annoncé pour le troisième déplacement d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite depuis 2017 confirme une « relation très dense », l’homme fort du royaume, un temps paria après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie, ayant répondu par trois visites officielles en France.

La visite présidentielle aura un important volet économique mardi alors que l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, s’est engagée dans une diversification accélérée pour faire face à un potentiel après-pétrole. Les deux pays ambitionnent de « renforcer de manière très importante » leurs échanges économiques qui ne sont pas « à la hauteur des ambitions communes », a souligné l’Elysée. Le chef de l’Etat sera accompagné d’une cinquantaine de patrons de grands groupes français (TotalEnergies, EDF, Veolia, …) et de start-up (Pasqal, Alan, Mistral…).

Les dirigeants des groupes de défense Dassault, Thalès et Naval Group seront également présents. Des discussions sont en cours pour l’acquisition d’avions de chasse Rafale par l’Arabie saoudite.

« Vision 2030 », le vaste programme lancé par le prince héritier

Les deux pays veulent engager des coopérations dans tous les secteurs d’avenir, de la transition énergétique à l’intelligence artificielle, en phase avec le vaste programme « Vision 2030 » du prince héritier, visant à la modernisation de la société et de l’économie saoudiennes. Les deux dirigeants sont notamment « convenus de travailler de concert » à la préparation du Sommet sur l’Intelligence artificielle qui aura lieu en février à Paris, précise l’Elysée dans un communiqué.

La France est aussi un partenaire clé de Riyad en matière culturelle et touristique, avec le développement d’un mégaprojet de 20 milliards de dollars autour de l’oasis et du site archéologique d’Al-Ula, au nord de Médine. Emmanuel Macron assistera au One Water Summit sur la gestion de l’eau à Riyad avant de rejoindre mercredi Al-Ula avec notamment la ministre de la culture française, Rachida Dati.

Dans le contexte géopolitique actuel, il était impossible pour les deux dirigeants de ne pas évoquer la situation au Proche-Orient. Emmanuel Macron et Mohammed Ben Salman sont ainsi « convenus de fournir tous les efforts pour contribuer à la désescalade dans la région » du Proche-Orient, secouée par plusieurs conflits, a souligné l’Elysée.

« Ils ont ensemble appelé à la tenue d’une élection présidentielle au Liban dans le but de rassembler les Libanais et de mener les réformes nécessaires à la stabilité et à la sécurité », ajoute le communiqué présidentiel.

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Mettre en place « un cessez-le-feu sans plus attendre à Gaza »

Emmanuel Macron et Mohammed Ben Salman ont aussi dit qu’ils allaient « poursuivre les efforts diplomatiques » pour consolider le cessez-le-feu, coparrainé par les Etats-Unis et la France, entre Israël et le mouvement chiite libanais Hezbollah. Emmanuel Macron espère un soutien saoudien à l’armée libanaise, qui se redéploie à la frontière avec Israël mais manque de moyens, et au règlement de la crise politique qui secoue le Liban, sans président depuis plus de deux ans. Mais le royaume, longtemps influent au Liban, s’en est désengagé ces dernières années face au chaos politique et au poids grandissant du Hezbollah et pourrait mettre du temps à y revenir.

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Le président et le prince héritier ont aussi insisté sur une « priorité », « la mise en place d’un cessez-le-feu sans plus attendre à Gaza », après la trêve décrétée au Liban.

L’Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus saints de l’islam, est engagée dans des discussions avec Washington pour normaliser ses relations avec Israël et l’octroi de garanties de sécurité américaines. Mais mi-septembre, le prince héritier a exclu une reconnaissance d’Israël avant la « création d’un Etat palestinien », au côté de celui d’Israël. Paris comme Riyad poussent pour la « solution des deux Etats », rejetée par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

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Emmanuel Macron, fort de son rôle dans le cessez-le-feu au Liban, entend de son côté renforcer l’influence de la France dans la région avant le retour du républicain Donald Trump à la Maison Blanche. Il espère aussi regagner à l’international la marge de manœuvre qu’il a perdue sur la scène intérieure depuis la dissolution de juin.

Le Monde avec AFP

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