Avant l’interview de Poutine, la saisissante halte canadienne de Tucker Carlson

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LETTRE DE MONTRÉAL

L’auteur et psychologue star du libéralisme conservateur, Jordan Peterson, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, l’animateur Tucker Carlson, et l’ancien magnat de la presse, Conrad Black, à Calgary (Canada), le 25 janvier 2024.

Avant d’aller à Moscou « décrocher » l’interview de Vladimir Poutine diffusée le 8 février, l’ex-présentateur vedette de Fox News Tucker Carlson avait fait un détour par le Canada. Une halte restée plus confidentielle, mais qui a eu le mérite d’offrir un condensé saisissant de la rhétorique de ce héraut américain de la droite MAGA (« Make America Great Again »).

Chez son voisin du nord, il a accusé le gouvernement libéral de Justin Trudeau de « provoquer la mort des enfants de Colombie-Britannique en leur fournissant du Fentanyl », d’« assassiner des dizaines de milliers de personnes âgées avec la loi sur l’aide à mourir », ou encore de « tuer la classe moyenne canadienne en étant le pays le plus immigrationniste au monde » ; quand, à Moscou, il a écouté sans broncher les leçons d’histoire, particulières et biaisées, déroulées par le dictateur russe.

Le 24 janvier, 4 000 personnes sont venues ovationner au Centre des conventions de Calgary (Alberta) le show du journaliste ultraconservateur, dans le cadre de son « Liberation Tour » (« tournée de la libération »). Pour goûter à l’événement, les spectateurs avaient dû se délester de 224 à 442 dollars (155 à 305 euros). Mais au diable l’avarice, ils étaient assurés d’en avoir pour leur argent : la veille de son arrivée, Tucker Carlson s’était filmé en train de laisser un message sur le répondeur du bureau du premier ministre canadien. « Pouvez-vous le prévenir que nous venons libérer le Canada, et que nous serons bientôt là ? », déclarait-il dans une vidéo relayée sur son compte Instagram.

Justin Trudeau traité de « ridicule »

Justin Trudeau, l’une de ses cibles favorites quand il était encore aux manettes de son émission phare sur Fox News avant d’en être sèchement remercié en avril 2023, représente à peu près tout ce que Carlson déteste : provaccin pendant la pandémie de Covid-19, ardent défenseur de l’immigration et du modèle multiculturel, supporteur de la cause LGBTQ+ et, sur la scène internationale, soutien indéfectible de l’Ukraine contre « l’attaque barbare » menée par la Russie.

A Calgary, Tucker Carlson a repris avec gourmandise l’une de ses antiennes préférées, la théorie raciste du « grand remplacement » : « Si vous changez la population de votre pays, c’est votre pays que vous changez », a-t-il lancé à un auditoire enthousiaste ; il a multiplié les saillies homophobes, traité de « ridicule » le premier ministre canadien et de « fasciste mentalement déficiente » sa vice-première ministre, Chrystia Freeland. Mais le clou du spectacle restait à venir, quand la première ministre albertaine, Danielle Smith, a fait son entrée, pour se prêter, avec lui, à un jeu de questions-réponses.

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