Aux Etats-Unis, l’audition tendue de Kimberly Cheatle, cheffe du Secret service, devant le Congrès

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Lors des attentats du 11 septembre 2001, elle faisait partie de l’équipe qui a accompagné le vice-président Dick Cheney dans un bunker sécurisé. Sous Barack Obama, elle assurait la sécurité de Joe Biden, alors vice-président, et de son épouse. Après vingt-neuf ans dans les rangs du Secret service, dont près de deux à sa tête, Kimberly Cheatle a dû répondre devant le Congrès, lundi 22 juillet, de la plus grave défaillance, en quarante ans, de l’agence chargée de la protection des personnalités : l’attentat qui a visé Donald Trump le 13 juillet, en Pennsylvanie.

La responsable du Secret service était entendue par la commission de la Chambre des représentants chargée de la supervision des agences fédérales. Dans une enceinte qui n’est généralement « pas un modèle de consensus bipartisan », selon son président, James Comer, républicains et démocrates sont tombés d’accord pour réclamer la démission de la directrice. Celle-ci a déclaré « assumer la pleine responsabilité » de « l’échec opérationnel le plus important » qu’ait subi le Secret service « depuis des décennies ». Mais elle s’est refusée à démissionner sur-le-champ comme l’y invitait l’élue républicaine du Kansas, Jake LaTurner.

Kimberly Cheatle a beaucoup irrité les élus par son refus de détailler les éléments qui ont permis à un tireur de 20 ans, armé d’un fusil AR-15, de réussir à se poster sur le toit d’un entrepôt à moins de 140 mètres de la tribune où Donald Trump prononçait un discours de campagne. Alors qu’il avait été signalé aux forces de sécurité, Thomas Crooks a eu le temps de tirer à huit reprises, tuant le pompier bénévole Corey Comperatore, 50 ans, et blessant trois personnes, dont le candidat républicain. Il a été neutralisé par un tireur d’élite du Secret service vingt-six secondes après le premier tir.

Kimberly Cheatle a indiqué que le Secret service avait été alerté « de deux à cinq reprises » sur la présence d’un individu « suspect ». Une unité de la police antiterroriste SWAT l’a repéré dix-huit minutes avant l’entrée de Donald Trump sur scène. Les agents du Secret service ont noté son allure « suspecte » mais ne l’ont pas jugée « menaçante » ; il portait un télémètre – un appareil permettant de mesurer les distances –, ce qui n’a rien d’illégal, a-t-elle précisé. Des agents ont été envoyés pour l’identifier mais il était trop tard.

Le flou alimente les théories complotistes

La directrice a opposé une fin de non-recevoir aux questions des élus : pourquoi ne pas avoir retardé l’intervention de Donald Trump ? Pourquoi le toit du hangar n’était-il pas sécurisé ? Qui avait délimité le périmètre de sécurité ? « Je ne dispose pas de cette information », a-t-elle invariablement décliné. Selon l’enquête du FBI, Thomas Crooks était venu faire des repérages avec un drone. Quand ? Etait-il seul ? Après avoir été déçus par la discrétion du jeune homme sur les réseaux sociaux, les enquêteurs ont trouvé quelques repères montrant qu’il avait fait des recherches en ligne sur différentes personnalités, Joe Biden aussi bien que Donald Trump, comme s’il cherchait une cible, peu importe laquelle.

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