La politique américaine de resserrement monétaire, entamée il y a deux ans pour lutter contre la flambée des prix, touche à sa fin. Alors que la banque centrale des Etats-Unis (Réserve fédérale, Fed) a décidé, mercredi 31 juillet, de laisser ses taux inchangés, évoluant dans une fourchette de 5,25 % à 5,50 % − le niveau le plus élevé depuis vingt-trois ans −, son directeur, Jerome Powell, a affirmé qu’une baisse a été évoquée durant la réunion, et que celle-ci « pourrait intervenir dès la réunion de septembre si les conditions sont réunies ».
« Le sentiment général au sein du comité est que l’économie se rapproche du moment où il sera approprié de réduire nos taux », a-t-il ajouté. L’institution monétaire reste toutefois prudente. « L’inflation a diminué au cours de l’année écoulée, mais reste quelque peu élevée », peut-on lire dans le communiqué.
Selon les derniers chiffres dévoilés le 25 juillet par le département du commerce, celle-ci continue de décélérer, passant, en rythme annuel, de 2,6 % en mai à 2,5 % en juin. C’est encore légèrement au-dessus de l’objectif à 2 % de la Fed, mais bien en deçà du sommet des 9,1 % atteint en 2022. La bataille est donc en passe d’être remportée, avec un ralentissement des prix qui s’étend désormais aux services, dernier secteur à résister à cette accalmie.
Un tournant
L’inflation avait d’abord été déclenchée par les ruptures d’approvisionnement pendant la pandémie de Covid-19, puis alimentée par les tensions sur les marchés agricoles et de l’énergie après le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, ou encore sur le marché du travail. Pour en venir à bout, la Fed a augmenté à onze reprises ses taux en 2022 et 2023. Un « atterrissage en douceur » réussi puisqu’elle est parvenue à dompter l’inflation sans que cela ne déclenche une récession. La croissance des Etats-Unis a même accéléré, passant de 1,4 % à 2,8 % en rythme annuel entre le premier et le deuxième trimestre 2024.
Signe que la politique monétaire américaine est à un tournant, le communiqué de la Réserve fédérale mentionne d’abord la santé du marché de l’emploi avant la stabilité des prix, ses deux mandats. « Le taux de chômage a augmenté mais reste bas », note-t-elle. Celui-ci devrait être stable en juillet par rapport à juin − à 4,1 % − après avoir légèrement augmenté. Les salaires ont stagné à 0,2 % en juin, contre 0,4 % en mai, tandis que le taux d’épargne est tombé à 3,4 %, son niveau le plus bas depuis décembre 2022.
C’est cette légère dégradation du marché de l’emploi, conjuguée à un ralentissement de l’inflation, qui ouvre la voie à une réduction des taux pour relancer l’activité. Wall Street a accueilli avec soulagement la perspective d’une baisse des coûts d’emprunt, clôturant en hausse mercredi. Les indices du S & P500 et du Nasdaq ont respectivement bondi de 1,58 % et de 2,64 % en seulement une journée, leurs hausses les plus élevées depuis février 2022.
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