Au procès du « violeur de Tinder », les accusatrices face au mur du déni

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« Il se jette sur moi et m’embrasse de force, je tourne la tête, je lui dis “arrête”, deux fois, je me retrouve assise sur son canapé, lui debout face à moi, et il m’impose une fellation. » Jeudi 21 mars, à la barre de la cour criminelle de Paris, Solène (les prénoms des plaignantes ont été modifiés) décrit le viol qu’elle affirme avoir subi lors d’un shooting dans le studio de Salim Berrada, en mars 2015 à Paris. Au cours de la séance de photos, elle avait bu le verre de vodka-orange qu’il lui avait proposé et, très vite, avait ressenti une forme d’ivresse anormale.

« Il part vers la salle de bain. Je suis dans un état second, je vois mes affaires sur la table du salon, j’ai trois pas à faire pour arriver à cette table, mais j’ai beaucoup de mal, je titube, je n’ai plus de force dans les jambes. Il revient, m’attrape et me jette sur le canapé. Je me rends compte qu’il était parti chercher un préservatif, et je comprends que je ne vais pas pouvoir m’échapper, que ça va réellement se passer. Je me prépare à être violée. » La jeune femme de 31 ans achève sa déposition devant une assistance pétrifiée.

La parole est à Salim Berrada, dans son box vitré : « C’était vraiment la relation la plus consentie qui puisse exister, assène l’accusé de 38 ans. Je me rappelle qu’on s’est embrassés près de la cuisine et qu’on a continué la séance photo ensuite. Je sais pertinemment ce qui s’est passé. C’était un rapport parfaitement consenti. J’en suis absolument certain, je le sais, je l’ai vécu. Ce qu’elle raconte n’a jamais eu lieu. »

« Regard de furie »

Ainsi se déroule le procès du « violeur de Tinder », jugé pour treize viols et quatre agressions sexuelles survenus entre 2014 et 2016 lors de rendez-vous avec ce prometteur photographe de mode chez qui les plaignantes, approchées sur les réseaux sociaux, se rendaient en pensant juste enrichir leur book. Depuis mardi 19 mars, de jeunes femmes se succèdent à la barre pour livrer des récits effroyables – beaucoup sont persuadées d’avoir été droguées. Puis Salim Berrada se lève pour raconter sa version des faits, aux antipodes.

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Alice, 31 ans, se rappelle le bruit de l’appareil posé par terre et le photographe qui lui saute dessus avec un « regard de furie », son inertie par crainte d’une réaction violente et ses larmes tout au long du viol dont elle accuse Salim Berrada. « Ça ne s’est pas passé comme ça. Je me souviens qu’on a eu un rapport consenti, qu’on a beaucoup ri. Jamais elle n’a pleuré, ni aucune personne avec qui j’ai eu un rapport sexuel dans ma vie. »

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