Au procès du meurtre du policier Eric Masson, l’enquête accable un dealer de 22 ans, accusé des tirs

3444


Des policiers se rassemblent autour du portrait de leur collègue Eric Masson, tué le 5 mai 2021 lors d’une opération anti-drogue, au commissariat principal d’Avignon, dans le sud de la France, pour lui rendre hommage, le 9 mai 2021.

Ilias Akoudad n’offre plus aux regards son visage fin, si juvénile, sur lequel un trait de moustache et une maigre barbiche font comme des postiches. Disparu, englouti derrière le bois du box, tandis qu’à la barre de la cour d’assises du Vaucluse se succèdent, mercredi 21 février, les policiers chargés de l’enquête sur le meurtre de leur collègue Eric Masson, le 5 mai 2021, à Avignon.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Narcotrafic : radiographie de la menace en France

Quelques centaines de mètres séparent le palais de justice de la scène de crime qu’ils décrivent. A l’intérieur des remparts, un entrelacs de ruelles et de venelles, propice aux transactions discrètes entre dealers et consommateurs, où le brigadier Masson s’est effondré, atteint de plusieurs balles tirées à bout portant, dont l’une lui a perforé le thorax. Avec son collègue Romain Reynes, ils venaient d’interpeller une femme d’une cinquantaine d’années en possession d’une barrette de cannabis achetée dix euros quelques minutes plus tôt.

L’enquête soumise à la cour et aux jurés accable le jeune dealer de 22 ans, accusé d’être l’auteur des tirs. Deux jours avaient suffi pour que son surnom, « L’Excellent », puis son identité, parviennent aux policiers. Des riverains, témoins apeurés, reconnaissant sur un album photo celui qui planquait ses sachets de stupéfiants dans le tronc des platanes du quartier et qu’ils avaient vu s’enfuir juste après les coups de feu. Des « sources » anonymes, et bien informées, indiquant le nom de celui qui l’accompagnait le jour des faits, Ayoub Abdi, ainsi que celui du propriétaire de la cave où ils avaient trouvé refuge dans la cité, Ismaël Boujti.

La suite avait mobilisé jour et nuit des dizaines de policiers, acharnés à résoudre le meurtre de leur collègue : identification de l’entourage familial des suspects, de leurs numéros de téléphone, écoutes, filatures. Les soupçons s’étaient confirmés. Le numéro utilisé par Ilias Akoudad bornait précisément dans le quartier l’après-midi du 5 mai, jusqu’à l’heure du meurtre, puis migrait aussitôt vers le domicile de sa mère et l’immeuble abritant la cave, avant d’être désactivé. Le 11 mai, les équipes de la BRI postées à proximité de ce lieu assistaient à un ballet de scooters, bloquant les accès, afin de protéger la sortie d’un véhicule, qui prenait aussitôt la direction de l’autoroute.

Porte entrouverte à des aveux partiels

Les deux fuyards et le chauffeur étaient interpellés au péage, quelques kilomètres plus loin. Ilias Akoudad dissimulait 2 000 euros sous les semelles de ses baskets, 1 300 euros étaient retrouvés sous celles d’Ayoub Abdi, ainsi qu’un bout de papier comportant un numéro de téléphone et une adresse en Espagne. Un oncle d’Ilias Akoudad apportait au commissariat les 4 300 euros que la mère de celui-ci lui avait demandé de cacher, à la demande de son fils, avant d’être perquisitionnée. A sa troisième audition de garde à vue, Ayoub Abdi avouait sa présence sur les lieux du meurtre et désignait Ilias Akoudad comme le tireur.

Il vous reste 52.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link