Au Pérou, l’ancien président Alejandro Toledo condamné à vingt ans de prison pour corruption

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L’ancien président du Pérou Alejandro Toledo comparaît devant le tribunal pour connaître sa sentence lors de son procès pour corruption, à Lima, au Pérou, le 21 octobre 2024.

L’ancien président péruvien Alejandro Toledo, 78 ans, a été condamné lundi 21 octobre par un tribunal de Lima à une peine de vingt ans et six mois d’emprisonnement pour corruption et blanchiment d’argent, dans le cadre du scandale du géant du BTP Odebrecht.

« Ce tribunal approuve les réquisitions du ministère public de vingt ans et six mois de prison pour M. Alejandro Toledo Manrique », a-t-il annoncé lors d’une audience en présence de l’ancien chef de l’Etat. L’ancien homme fort du Pérou (2001-2006), qui a accueilli le jugement avec une apparente sérénité, a été reconnu coupable d’avoir perçu des dizaines de millions de dollars du géant brésilien du bâtiment.

Il clamait son innocence depuis les révélations faites en 2016 par le groupe brésilien à la justice américaine au sujet d’un vaste système de corruption régional visant à obtenir des marchés publics. Son avocat, Roberto Su, a déclaré à la presse son intention de faire appel du jugement.

L’ancien président avait été arrêté en 2019 aux Etats-Unis dans le cadre de ce scandale et assigné à résidence en Californie, jusqu’à son extradition en avril 2023 et son placement en détention préventive à la prison de Barbadillo, à l’est de Lima.

Alejandro Toledo est le premier à être condamné par la justice des quatre anciens présidents péruviens visés par une enquête dans le cadre de ce scandale. Les trois autres sont Ollanta Humala (2011-2016), Pedro Pablo Kuczynski (2016-2018) et Alan Garcia (2006-2011), qui s’est suicidé en 2019 alors qu’il allait être arrêté dans le cadre de cette affaire.

« Je vous demande de me laisser me soigner ou de mourir chez moi »

Lors d’une précédente audience, la semaine dernière, l’ancien président de centre droit avait encore clamé son innocence. « Je suis innocent, je n’ai jamais passé d’accord avec M. [Jorge] Barata », l’ancien dirigeant d’Odebrecht au Pérou, avait-il plaidé.

Mais le procureur José Domingo Pérez avait souligné les preuves permettant « d’affirmer qu’Alejandro Toledo a demandé 35 millions de dollars à Odebrecht » en échange de l’octroi de tronçons de la route Interocéanique sud, qui relie la côte Pacifique du Pérou et la côte Atlantique du Brésil.

L’ancien président avait alors demandé l’indulgence des juges, évoquant son âge avancé et son état de santé. « J’ai un cancer et des problèmes cardiaques (…). Je veux aller dans une clinique privée, je vous demande de me laisser me soigner ou de mourir chez moi », avait-il demandé.

Plusieurs crises politiques

Odebrecht a été l’entreprise la plus citée dans le cadre de la vaste opération anticorruption « Lava Jato » (« lavage express ») qui a conduit sous les verrous des dizaines de dirigeants politiques et chefs d’entreprise d’Amérique latine. Selon le ministère américain de la justice, Odebrecht a distribué pendant plus d’une décennie 788 millions de dollars dans une dizaine de pays d’Amérique latine et deux en Afrique.

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Lorsque les premières enquêtes ont débuté, en 2014, Odebrecht employait dans le monde 180 000 personnes.

Après le Brésil, le Pérou est le deuxième pays le plus touché par cette affaire, qui a provoqué plusieurs crises politiques.

Odebrecht a été condamné à payer des réparations dans de nombreux pays, dont 2,6 milliards de dollars aux gouvernements du Brésil, des Etats-Unis et de la Suisse.

Le Monde avec AFP

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