Au Panama, le prochain président a promis de fermer la route des migrants dans le Darien

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Le président panaméen élu, José Raul Mulino, à Panama, le 5 mai 2024.

La septième élection présidentielle au Panama depuis la restauration de la démocratie en 1990 a bien été remportée par l’ancien ministre José Raul Mulino (droite), comme les sondages le prédisaient. Selon la tradition panaméenne, il a reçu un appel du Tribunal électoral, diffusé en direct sur tous les médias, le déclarant président jusqu’en 2029, avec un score de 34 % des voix, neuf points devant son plus proche concurrent. A 64 ans, cet avocat avait remplacé sur le fil la candidature de l’ancien président Ricardo Martinelli (2009-2014), alors favori de ce scrutin mais condamné par la justice.

« Si la victoire de Mulino n’est pas une surprise et confirme la popularité de Martinelli, cette élection a été par contre très surprenante », estime Harry Brown Arauz, directeur du Centre international d’études politiques et sociales (Cieps) au Panama. En premier lieu, à cause du rôle prépondérant joué par la justice, défaisant et faisant les candidatures en quelques mois, lors de décisions parfois controversées. Ainsi, l’ancien président Ricardo Martinelli a été éliminé de la course après la confirmation, par la Cour suprême, de sa condamnation à dix ans de prison pour blanchiment d’argent, le 2 février, la veille du début de la campagne.

Réfugié à l’ambassade du Nicaragua depuis cette date, M. Martinelli a cependant pu désigner son colistier pour la vice-présidence, José Raul Mulino, comme successeur. Son parti a même obtenu de la justice électorale le droit d’utiliser son image sur la propagande de José Raul Mulino. Il est régulièrement intervenu par vidéo lors des meetings de son dauphin, se présentant à chaque fois comme « persécuté », sans que la justice y voie d’inconvénients.

La légalité de la candidature de José Raul Mulino n’a été confirmée par la Cour suprême que vendredi 3 mai, soit deux jours avant l’élection. La présidente de la Cour, Maria Eugenia Lopez, a reconnu que les sages avaient pris en compte dans leur décision « la défense de la démocratie, du droit d’élire et d’être élu et du pluralisme politique », plutôt que de faire une lecture stricte de la Constitution.

Questions épineuses « balayées »

Le caractère inédit de ce scrutin, qui renouvelle aussi les députés et maires, tient également au fait que les partis traditionnels panaméens qui ont alterné au pouvoir depuis 1990 n’en ont pas été les protagonistes : le Parti révolutionnaire démocratique (PRD) du président sortant, Laurentino Cortizo, n’a obtenu que 5 % des voix, quand le Parti panaméen n’a présenté aucun candidat à la présidentielle. « L’échiquier politique est aujourd’hui très éclaté, comme le sera sans doute la prochaine Assemblée législative », estime Harry Brown Arauz.

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