Au Mexique, la violence endémique rattrape la campagne présidentielle

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Des étudiants manifestent, le 6 mars, devant le palais national de Mexico, en mémoire de leurs 43 camarades d’Ayotzinapa disparus en 2014. Ils réclament une enquête approfondie.

Deux semaines auront suffi pour que le thème de l’insécurité enflamme la campagne présidentielle mexicaine, qui a débuté le 1er mars pour un scrutin prévu le 2 juin. Président, candidats, Eglise catholique, mouvements sociaux se sont prononcés sur cette question face à une actualité violente, qui ne connaît pas de trêve.

Selon le cercle de réflexion Laboratorio Electoral (laboratoire électoral), 45 assassinats liés à la campagne ont été dénombrés ces derniers mois. Vingt-deux des personnes tuées étaient des candidats à des postes locaux pour le scrutin de juin, qui renouvelle, en plus de la présidence, les sièges des parlements fédéraux et locaux, ainsi que 1 800 mairies et neuf gouvernorats. « La plupart des morts concernent les maires, qui délivrent des autorisations sur la terre ou les transports, capitales pour le crime organisé », a expliqué le directeur de Laboratorio Electoral, Arturo Espinosa, à la radio MVS Noticias. Pour l’instant, la campagne 2024 reste dans les « statistiques mortelles » de la précédente élection de 2018, qui avaient compté 145 assassinats. Mais, selon M. Espinosa, « le nombre de ces morts va augmenter, maintenant que la campagne se déroule dans la rue, et nous risquons d’en déplorer plus qu’en 2018 ».

L’Etat du Guerrero est particulièrement touché par cette violence. Mardi 12 mars, le candidat à la mairie de Chilapa a été assassiné et un ancien candidat et son épouse ont été retrouvés morts dans une autre localité. Au même moment, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des chauffeurs frappés par des malfrats à Acapulco, sur la côte Pacifique du Guerrero. En février, sept conducteurs de transports publics avaient été assassinés tandis que la capitale, Chilpancingo, devenait une ville morte, sans transports publics ni commerces pendant onze jours. Une trêve a depuis été conclue entre les deux groupes criminels qui dominent la ville, avec l’intermédiaire de l’Eglise. « Les douze organisations criminelles qui se disputent cet Etat financent aussi les campagnes électorales, et certaines ont leurs propres candidats », explique David Saucedo, expert en sécurité.

L’Etat mis en cause

A cette violence criminelle s’ajoute celle de l’Etat. Dans l’Etat de Guerrero toujours, les étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa, à Iguala, sont à nouveau en deuil. Le 7 mars, l’un des leurs, Yanqui Khotan Gomez Peralta, 23 ans, a reçu en pleine tête une balle tirée par un policier alors qu’il attendait un ami, parti acheter des cigarettes. Le policier a fui le 11 mars, avec la complicité des autorités judiciaires locales. Les locaux du ministère de la justice ont été incendiés le lendemain par ces étudiants, qui luttent toujours pour obtenir la vérité sur le sort de leurs 43 camarades disparus en 2014 à Iguala.

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