Au Mali, les séparatistes touareg déclarent un blocus « total » sur les principaux axes du nord

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Les séparatistes touareg ont annoncé, mercredi 20 décembre, avoir instauré un blocus sur les principaux axes du nord du pays du Mali, où l’armée a repris pied ces dernières semaines.

Le Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes rebelles armés, a déclaré, dans un communiqué, avoir décidé « l’instauration d’un blocus total sur les axes allant de la frontière algérienne vers les villes de Ménaka, Kidal, Gao, Tombouctou et Taoudenni », les principales localités du nord, qui s’étendent sur une vaste zone entre la Mauritanie, le Mali et le Niger. Ce blocus « concerne tous les produits et tout type de moyens de transport », précisé l’alliance dans ce communiqué.

Les groupes rebelles à dominante touareg ont perdu le contrôle de plusieurs localités ces dernières semaines, repoussés par une offensive de l’armée malienne qui a culminé mi-novembre avec la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu majeur de souveraineté pour l’Etat central.

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Les hostilités avaient repris en août après huit ans d’accalmie entre les belligérants, qui se disputent le contrôle du territoire et des camps militaires laissés par les casques bleus de la Mission de l’ONU poussée vers la sortie par Bamako.

Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont ainsi remporté un succès symbolique largement salué au Mali, mais les rebelles n’ont pas déposé les armes et se sont dispersés dans cette région désertique et montagneuse. « La lutte continue », avait déclaré le CSP à la suite de la prise de Kidal, dont l’alliance avait affirmé s’être retirée « pour des raisons stratégiques ».

« Un acte lâche »

Les moyens aériens de l’armée malienne, avions et drones, lui ont permis de prendre l’initiative face aux rebelles, qui ne disposent pas de tels équipements. Les forces maliennes ont également été appuyées par des mercenaires de Wagner, selon les rebelles et des élus locaux, bien que la junte nie la présence dans le pays du groupe de sécurité privé russe aux pratiques décriées.

L’offensive dans le nord du Mali a été marquée par de nombreuses allégations d’exactions contre les civils par les forces maliennes et leurs alliés russes, que les autorités maliennes nient systématiquement.

La collecte et la vérification de l’information sont compliquées dans une large partie du Mali en raison de la difficulté d’accès à des sites éloignés et à des sources indépendantes dans un contexte de forte insécurité et de musellement des voix dissidentes.

L’armée malienne dit par ailleurs avoir « appris avec indignation l’enlèvement de certains [de ses] éléments » au cours d’une attaque la semaine dernière dans la localité de Farabougou (centre), dans un communiqué mercredi soir. Elle pourfend « un acte lâche » commis pour « démoraliser » les soldats et rassure que « tout sera mis en œuvre afin de permettre aux otages de recouvrer leur liberté », dans ce communiqué qui n’identifie les militaires en captivité et ne donne pas leur nombre.

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Deux personnes en uniforme militaire affirment, respectivement en français et en langue locale bambara, dans deux vidéos distinctes authentifiées mercredi par l’AFP, être des soldats maliens pris en otages par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, JNIM suivant l’acronyme arabe), affilié à Al-Qaida, à la suite de l’attaque contre le camp de Farabougou. Elles appellent les autorités maliennes à œuvrer pour leur libération.

L’armée s’était contentée de faire état, le 14 décembre, d’une attaque « terroriste » qu’elle a repoussée le 12 décembre contre ce camp, sans aucun bilan humain. Des sources locales avaient indiqué à l’AFP que des dizaines de soldats maliens et de civils avaient été tués.

Le Monde avec AFP



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