Au Guatemala, le président élu Bernardo Arevalo « confiant dans les institutions après une période de transition turbulente et compliquée »

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Le président élu du Guatemala, Bernardo Arevalo, lors d’un entretien avec l’Agence France-Presse après sa rencontre avec le président du Panama, Laurentino Cortizo, à Panama, le 19 décembre 2023.

Malgré près de quatre mois de procédures judiciaires pour tenter d’invalider le résultat de l’élection présidentielle du 20 août 2023 au Guatemala, le président élu avec 58 % des voix, Bernardo Arevalo, devrait pouvoir être investi le 14 janvier. Dans un entretien téléphonique avec Le Monde, cet ancien diplomate de 65 ans se dit désormais « confiant dans les institutions après une période de transition extrêmement turbulente et compliquée » dans son pays. La Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction, a en effet mis fin, le 14 décembre 2023, aux velléités du parquet guatémaltèque, en exigeant du Congrès « qu’il garantisse l’investiture du président élu ».

Depuis l’élection présidentielle où Bernardo Arevalo a été élu à la surprise générale alors qu’il n’était crédité que de 5 % d’intentions de vote, le ministère public s’est comporté comme le bras judiciaire de ce que les Guatémaltèques nomment le « pacte des corrompus » : une alliance informelle de politiques, d’oligarques et d’entrepreneurs qui noyautent les institutions du pays. Cette « caste » est d’autant plus effrayée par la victoire de M. Arevalo que son programme repose justement sur la lutte contre la corruption.

Ces derniers mois, le parquet a ainsi tenté d’annuler l’enregistrement du parti de M. Arevalo, le mouvement Semilla (« graine »), de lever l’immunité du président élu et de la vice-présidente, la scientifique Karin Herrera, et a ordonné l’arrestation de membres du tribunal suprême électoral, chargé de l’organisation des élections, pour avoir commis de supposées « graves anomalies » lors de la journée électorale. Le parquet est allé jusqu’à déclarer, le 8 décembre, que l’élection présidentielle devait être annulée pour « irrégularités », avant d’être contredit par la Cour constitutionnelle et le tribunal suprême électoral.

Intimidation

« Le ministère public est encouragé par les pouvoirs exécutif [sortant] et législatif, considère le futur président. Il a été un outil entre les mains de ces élites politico-criminelles qui l’ont utilisé pour nous persécuter et, avant nous, tous ceux qui ont lutté contre la corruption et sont aujourd’hui emprisonnés ou en exil» Depuis 2019, une cinquantaine de magistrats anticorruption et de journalistes ont dû s’exiler pour échapper aux persécutions du parquet dirigé par Maria Consuelo Porras, inscrite par Washington sur la liste « Engel » de fonctionnaires centraméricains identifiés comme corrompus.

« Il ne fait aucun doute que les procureurs vont continuer à abuser de leurs prérogatives. Leur objectif est de nous intimider, de susciter la peur au sein de la population, mais jusqu’à présent, ils n’ont pas réussi, et le pays s’est clairement exprimé en notre faveur », déclare le futur président. Cette bataille judiciaire s’est également exprimée dans la rue : en octobre 2023 et pendant trois semaines d’affilée, les organisations sociales et indigènes ont bloqué le pays pour demander, sans succès, la démission de Maria Consuelo Porras.

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