Au Daghestan, après des mois de tensions religieuses, des églises et des synagogues cibles d’attentats

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Des tireurs filmés durant l’attaque dans une rue de Makhachkala, au Daghestan, sans le sud de la  Russie, le 23 juin 2024.

Trois mois après l’attaque sanglante contre le Crocus City Hall – 145 morts dans une salle de concert moscovite le 22 mars –, la Russie a été à nouveau la cible d’un attentat terroriste d’ampleur, dimanche. Plusieurs églises et synagogues ont cette fois été visées, lors d’attaques qui se sont déroulées en plusieurs points du Daghestan, République du Caucase russe d’environ 3 millions d’habitants, à majorité musulmane, théâtre ces derniers mois de campagnes antijuives.

Au moins 20 personnes ont été tuées et 46 autres blessées, dont « des civils et des membres des forces de l’ordre », selon un bilan donné, lundi 24 juin, par le ministère de la santé du Daghestan.

Signe de la violence de ces actions armées, les autorités annonçaient lundi matin la mort de « plus de quinze policiers ». Le nombre de victimes civiles, « plusieurs » selon le gouverneur régional, quatre selon le Comité d’enquête, est encore incertain. Deux ont été identifiées : le gardien d’une église orthodoxe de Makhatchkala, la capitale régionale, et un prêtre qui servait dans l’église de l’Intercession de la Vierge, à Derbent, ville du sud de la région qui s’enorgueillit d’une cohabitation multiséculaire entre les trois grands monothéismes.

Un prêtre en fonctions depuis quarante ans

Selon les premiers témoignages, le père Nikolaï, 66 ans, aurait eu la gorge tranchée à l’arme blanche alors qu’il préparait l’office de la Sainte Trinité, l’équivalent orthodoxe de la Pentecôte. Ce prêtre était en fonctions depuis quarante ans à Derbent, et entretenait de bonnes relations avec les religieux musulmans. Selon le journaliste Vladimir Sevrinovski, spécialiste de la région, il s’était engagé auprès d’eux à refuser d’éventuelles demandes de conversion émanant de musulmans.

Le caractère coordonné de l’attaque, qui n’a, lundi matin, fait l’objet d’encore aucune revendication, ne fait pas de doute. Des fusillades ont retenti de manière simultanée dans ces deux villes de Makhatchkala et Derbent, aux alentours de 18 heures, heure locale. A Derbent, les assaillants ont d’abord attaqué l’église, non loin de laquelle une première fusillade a éclaté avec la police, avant de rejoindre la synagogue historique du centre. Un incendie s’est déclaré dans la salle de prière attenante avant de s’étendre au bâtiment principal. Des tirs ont été entendus dans la ville jusque tard dans la soirée.

A Makhatchkala, il semble que les assaillants aient d’abord tenté d’attaquer la synagogue. Des images filmées par des témoins ont montré plusieurs d’entre eux, visage découvert, tirant à l’arme automatique sur un barrage policier installé à proximité de l’édifice religieux, dans la rue Ermochkina. Deux d’entre eux ont pu être identifiés comme les fils du chef du district de Sergokala, dans le centre du Daghestan. Un ancien champion de MMA, sport de combat très pratiqué dans la région, aurait également été identifié.

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