Vive effervescence dans le spatial. Le 6 juin, pour la première fois après trois échecs consécutifs, la fusée géante américaine Starship de SpaceX a réussi sa rentrée dans l’atmosphère en amerrissant dans l’océan Indien. Quelques semaines plus tard, le 25 juin, la Chine impressionnait en ramenant sur Terre des échantillons prélevés sur la face cachée de la Lune par la sonde Chang’e-6, ce qui n’avait jamais été fait.
Et dans quelques jours, mardi 9 juillet, les Européens devraient retrouver l’accès à l’espace avec le vol de qualification d’Ariane-6. A elle seule, cette série d’événements illustre l’accélération des investissements, l’espace étant devenu un enjeu majeur tant scientifique que stratégique, que ce soit pour l’exploration lunaire, la défense, l’observation de la Terre, ou encore les télécommunications et l’Internet haut débit, grâce aux constellations de satellites.
Un « point de bascule »
Face à ces enjeux, les initiatives se multiplient. « En Europe les projets privés de minilanceurs bouillonnent », relève Jean-Marc Astorg, directeur de la stratégie au Centre national d’études spatiales, avant de revenir sur la révolution technologique en cours : « Nous sommes entrés dans une phase de transition où, aux côtés de nouveaux lanceurs lourds classiques qui arrivent sur le marché, comme Ariane-6 en Europe, H3 au Japon et Vulcan aux Etats-Unis, se développent des fusées réutilisables d’envergure tels le Starship d’Elon Musk et le New Glenn de Jeff Bezos. »
Leur arrivée sur le marché « sera un point de bascule », estime-t-il. La rupture sera « majeure » quand Starship, devenu opérationnel, pourra emporter 100 tonnes, soit dix fois plus que les lanceurs actuels. Ce pourrait être dans cinq à dix ans.
Une autre puissance spatiale, l’Inde développe également une fusée réutilisable et low cost, le Next Generation Launch Vehicle, en s’inspirant de la Falcon 9 de SpaceX. Ce projet est regardé avec intérêt par la France, qui a renforcé son partenariat avec New Delhi. Mais la priorité indienne reste les vols habités, pour rejoindre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Une Russie qui a, quant à elle, décroché de cette compétition depuis plusieurs années, surtout depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022.