après trente ans de cavale, une ex-membre de la Fraction armée rouge arrêtée

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A l’entrée du bâtiment où la membre de la Fraction armée rouge où Daniela Klette a été arrêtée, à Berlin, le 28 février 2024.

De leur voisine du cinquième étage, les habitants du 73 Sebastianstrasse, un immeuble modeste du quartier de Kreuzberg, à Berlin, gardent le souvenir d’une dame aimable et discrète, avec une longue natte de cheveux gris, propriétaire d’un gros chien qui aboyait beaucoup et amatrice de danse brésilienne. Ils sont donc tombés de haut, lundi 26 février, quand la police a sonné chez elle pour l’arrêter. Et d’encore plus haut, le lendemain, quand ils ont appris qu’elle ne s’appelait pas Claudia Ivone mais Daniela Klette, qu’on avait trouvé chez elle une grenade, des munitions et un chargeur pour pistolet, qu’elle était recherchée depuis plus de trente ans pour braquages et tentatives de meurtres, et qu’elle fut membre du groupe terroriste d’extrême gauche le plus célèbre de l’histoire allemande : la Fraction armée rouge (RAF).

Née en 1958 à Karlsruhe, dans ce qu’on appelait à l’époque l’Allemagne de l’Ouest, Daniela Klette n’a pas connu les débuts de la RAF, créée en 1970 et associée aux noms d’Andreas Baader et Gudrun Ensslin – morts en prison en 1977 – et Ulrike Meinhof – qui s’est suicidée en détention en 1976. Elle n’a pas non plus été mêlée à sa « deuxième génération », qui s’illustra en particulier pendant « l’automne allemand », cette série d’attentats et d’enlèvements commis en 1977 et dont les principaux chefs de file s’appelaient Brigitte Mohnhaupt et Christian Klar.

D’abord militante au sein du mouvement antinucléaire, Daniela Klette rejoint le groupe terroriste à la fin des années 1980, quand celui-ci est repris en main par une « troisième génération » qui sera notamment responsable des assassinats de Karl Heinz Beckurts, un des dirigeants de Siemens, en 1986, d’Alfred Herrhausen, le président de la Deutsche Bank, en 1989, et de Detlev Karsten Rohwedder, le patron de la Treuhand, l’organisme chargé de privatiser les entreprises d’ex-Allemagne de l’Est, en 1991.

Participante au Carnaval des cultures

Si elle n’a pas été impliquée dans ces affaires retentissantes, Daniela Klette aurait en revanche participé à d’autres actions : selon le parquet, elle aurait ainsi appartenu au commando qui a attaqué un bâtiment de la Deutsche Bank à Eschborn, près de Francfort, en 1990, tiré des coups de feu sur l’ambassade des Etats-Unis à Bonn, en 1991 et fait exploser plusieurs bombes contre la toute nouvelle prison de Darmstadt, en 1993. La même année, elle aurait été présente sur les lieux d’une opération visant à arrêter plusieurs membres de la RAF dans le nord-est de l’Allemagne, lors de laquelle un policier a été tué.

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