Après les législatives, l’Inde est entrée dans une ère d’instabilité politique

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Des partisans du Parti du Congrès célèbrent les résultats des élections générales en Inde, à Chandigarh, le 4 juin 2024.

La terre a tremblé à New Delhi, mercredi 4 juin, sous les pieds de Narendra Modi. L’homme fort de l’Inde, qui gouverne sans partage depuis dix ans, contrôlant la quasi-totalité des institutions du pays, se retrouve à devoir négocier âprement avec des secouristes, des chefs régionaux, pour se maintenir au pouvoir. Son parti, Le puissant Bharatiya Janata Party (BJP) est certes arrivé en tête des dix-huitièmes élections générales indiennes, mais, pour la première fois depuis 2014, il n’obtient pas, à lui seul, la majorité.

Le BJP, la plus grande formation politique au monde avec ses 180 millions de membres, est une sorte de rouleau compresseur qui écrasait tout sur son passage ; il n’a obtenu que 240 députés, alors que la majorité est fixée à 272 sièges – il lui en manque trente. Il peut l’atteindre avec son alliance – elle totalise 292 élus – mais celle-ci est l’objet de toutes les tractations. L’opposition, unie autour du Parti du Congrès, a opéré un remarquable retour, obtenant 234 sièges, et pourrait convaincre deux hommes-clés de la rejoindre et renverser ainsi le rapport de force. Un tel scénario n’est pas le plus probable, mais il n’est pas non plus totalement exclu.

Ces deux faiseurs de roi sont des chefs régionaux, des vétérans de la politique qui ont dans leur main une trentaine de sièges. Ils avaient changé leur alliance à l’occasion de ses élections législatives. Braconnés par le BJP, ils avaient rejoint Narendra Modi. Sans eux, le parti au pouvoir aurait été mis en échec.

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Cette récente trahison pourrait-elle s’avérer fragile ? Nitish Kumar, le dirigeant de l’Etat du Bihar et Chandrababu Naidu de l’Andhra Pradesh devraient en fait choisir le camp qui sera le plus offrant. Le Parti du Congrès, qui revient de loin, n’a peut-être pas intérêt à se livrer à ce jeu. Les coalitions seront instables. Le vieux mouvement de l’indépendance a prévu de discuter avec ses alliés, mercredi 5 juin.

Malgré les incertitudes et sa performance médiocre, Narendra Modi a clamé sa victoire, « un exploit historique » saluant « l’immense confiance » des électeurs. Devant ses partisans réunis au siège du BJP, à New Delhi, Il a promis pour les années à venir « un nouveau chapitre et de grandes décisions. C’est la garantie de Modi », a-t-il affirmé, parlant de lui à la troisième personne, comme il en a pris l’habitude. « Aujourd’hui est de bon augure. Il est confirmé que le NDA [acronyme de son alliance] peut former le gouvernement pour un troisième mandat consécutif », a-t-il ajouté.

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