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![La salle de concert Crocus City Hall, à Krasnogorsk (Russie), près de Moscou, le 26 mars 2024.](https://img.lemde.fr/2024/03/26/0/0/5196/3464/664/0/75/0/1d3d328_5026199-01-06.jpg)
Evoquée avec un vernis de précaution au lendemain de l’attentat contre le Crocus City Hall, le 22 mars, l’implication de l’Ukraine dans cette attaque meurtrière (139 morts et 182 blessés) a désormais valeur de loi d’airain en Russie, et tous les hauts responsables de ce pays sont priés de s’y plier.
« C’est l’[organisation] Etat islamique ou l’Ukraine ? », demande un journaliste, au détour d’un couloir, à Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité, mardi 26 mars. Réponse aussi brève que claire : « Bien sûr que c’est l’Ukraine. » Le même jour, le procureur général, Igor Krasnov, reprenait à son compte cette théorie, imitant en cela l’ancien président Dmitri Medvedev ou d’autres responsables de niveau inférieur.
Cette « vérité » actée, il convient de passer à la phase suivante : l’accusation désormais formelle d’une complicité occidentale, jusque-là évoquée seulement par les propagandistes les plus zélés du régime, sur la base des avertissements transmis par les services américains quant à l’imminence d’un attentat contre une salle de spectacle.
Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB (services de sécurité), s’est montré le plus explicite à ce sujet, mardi : « Nous pensons que l’action a été préparée par des islamistes radicaux et, bien entendu, facilitée par les services secrets occidentaux, et que les services secrets ukrainiens eux-mêmes sont directement impliqués. »
« Les méthodes les plus sales »
M. Bortnikov a aussi assuré, sans préciser d’où il tenait ces informations, que les assaillants présumés, arrêtés samedi selon Moscou dans une zone frontalière de l’Ukraine et de la Biélorussie, étaient « attendus » en Ukraine pour y être accueillis « en héros ». Le chef du FSB a seulement assuré, plus tard dans la soirée, que les informations données par les suspects, qui ont été ouvertement torturés, confirmaient la « piste ukrainienne ». Il a aussi confirmé que ses services avaient été avertis par Washington de l’imminence d’une attaque contre un lieu de rassemblement de masse et avaient pris « toutes les mesures appropriées ».
Vladimir Poutine avait donné le ton, la veille, en s’exprimant en ouverture d’une réunion du gouvernement. S’il a bien admis, pour la première fois, que « ce crime a été commis par des islamistes radicaux », il a prévenu : « Ce qui nous intéresse, c’est le commanditaire. » Et il a immédiatement proposé une réponse : « L’attentat du Crocus pourrait bien être une nouvelle tentative de ceux qui combattent la Fédération de Russie depuis 2014 en utilisant le régime néonazi de Kiev » – soit, dans la rhétorique russe, les Occidentaux.
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