Dimanche 20 octobre, avant la Foire de la pomme et de l’oignon doux des Cévennes, dans la petite commune du Vigan (Gard), Alexandre Allegret-Pilot, député de la 5e circonscription élu sous l’étiquette LR-RN d’Eric Ciotti, avait annoncé sa venue sur les réseaux sociaux en narguant ses adversaires. Sur place, il s’est retrouvé enfariné de la tête aux pieds. Une quarantaine de personnes l’ont accueilli avec de la purée d’oignons, aux cris de « RN dehors ! », vidant un sac de farine sur son costume bleu et distribuant des tracts sur lesquels il apparaît caricaturé en parachuté, des casseroles accrochées aux pieds.
Dans l’une de ces vidéos qu’il a l’habitude de publier sur son compte X, le nouvel élu de 35 ans – désormais affilié à l’Union des droites pour la République (UDR), le parti d’Eric Ciotti allié avec l’extrême droite – a annoncé avoir porté plainte pour injures et violences. Deux jours plus tard, à l’Assemblée nationale, il interpellait le gouvernement pour appeler à « dissoudre les groupuscules d’extrême gauche » : « Il a fallu quinze gendarmes pour m’extraire de l’hystérie fasciste rouge alimentée par le mythe du prétendu front républicain. »
« Ce n’était pas une extraction, on l’a juste accompagné pour quitter la place, car il voulait rester », corrige un gendarme, qui fait état d’une atmosphère électrique depuis trois mois. L’incident est, en effet, révélateur du climat tendu régnant dans ce coin des Cévennes depuis son élection (51,58 %) face au député sortant La France insoumise, Michel Sala.
Fanfaronnades au style trumpiste
Rarement un député aura entamé son mandat avec autant de procédures judiciaires lancées à son encontre. Selon nos informations, Alexandre Allegret-Pilot est sous le coup d’une enquête du Parquet national financier après les révélations du Monde autour d’un arrêté illégal qu’il a signé, en pleine campagne électorale, pour ouvrir un prêt de 1,3 million d’euros à une entreprise inexistante. Alors fonctionnaire au ministère de l’économie, il avait tenté de convaincre un viticulteur de l’Ain en détresse de céder son domaine à l’un de ses amis.
Depuis, en dépit de l’enquête en cours et de son départ du ministère, M. Allegret-Pilot a de nouveau persuadé le vigneron qu’il pouvait l’aider à décrocher un prêt – quand bien même celui-ci ne peut y prétendre – et qu’il serait victime d’une cabale de ses anciens supérieurs de Bercy.
Parallèlement, l’ex-bâtonnier Nordine Tria, candidat sans étiquette (1,12 %) dans cette circonscription du Gard, a déposé au Conseil constitutionnel un recours en annulation de l’élection, au motif qu’Alexandre Allegret-Pilot ne pouvait à la fois exercer comme fonctionnaire de Bercy et mener campagne pour se faire élire. L’intéressé, enfin, fait l’objet d’une plainte en diffamation de son adversaire Michel Sala et d’une main courante de Régis Bayle, élu régional socialiste, après des « menaces » que ce dernier affirme avoir reçues.
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