African Initiative, la nouvelle tête de pont de la propagande russe en Afrique

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Un avion-cargo russe sur le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, le 24 janvier 2024.

Sur sa chaîne Telegram Smile & Wave aux 9 500 abonnés, Viktor Lukovenko fait davantage mystère de ses intentions que de ses destinations. Début mars, cet Ouzbek de 39 ans, ancien agent du réseau de propagande tissé par Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner mort en août 2023, s’affiche sur le réseau social en tant que touriste et blogueur, voguant d’un musée à l’autre au Sénégal, après s’être rendu au Burkina Faso et au Niger, fin février.

Depuis le décès du chef de Wagner et le démantèlement de son groupe, Viktor Lukovenko continue à voyager sur le continent, avec une préférence pour les Etats politiquement instables. Il le fait pour le compte d’une nouvelle structure, créée en septembre 2023 à Moscou : African Initiative.

Sur son site Internet, cette dernière se revendique comme une « agence de presse russe sur les événements du continent africain », avec un tropisme particulier pour « l’héritage néocolonial contre lequel les pays africains luttent depuis des décennies », ainsi que pour « les activités » des « militaires, hommes d’affaires, médecins et journalistes » russes en Afrique.

Avec son correspondant basé au Niger et ses bureaux au Burkina Faso et au Mali – trois pays du Sahel gouvernés par des putschistes et qui, après avoir chassé la France, n’ont eu de cesse de renforcer leur coopération militaire et économique avec la Russie –, African Initiative se pose en nouvelle tête de pont de la propagande russe en Afrique. Son objectif, dressé comme l’une des priorités de Moscou sur le continent après la mort d’Evgueni Prigojine : permettre à l’Etat russe, à travers ses services de renseignement et leurs agents d’influence, de reprendre le contrôle de l’appareil de propagande construit par le chef de Wagner.

A l’instar de la myriade de structures qui étaient chargées de la diffusion de l’influence informationnelle russe au sein du projet Lakhta de Wagner, African Initiative est accusée par le département d’Etat américain d’avoir « répandu de la désinformation sur les Etats-Unis et les pays européens », avec l’aide des services de renseignement russes.

Appartenance au FSB

Dans son communiqué, publié le 12 février, la diplomatie américaine souligne qu’une des premières campagnes d’African Initiative fut de « propager une théorie de la conspiration selon laquelle les sociétés pharmaceutiques occidentales utilisent l’Afrique pour des expériences de guerre biologique et pour des essais illicites de divers médicaments ». Une réminiscence de la propagande soviétique. Au début des années 1980, le KGB avait tenté de faire croire que le sida était une invention américaine.

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