A Tours, un centre LGBTI attaqué six fois par la même personne

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Mercredi 24 mai dans l’après-midi, des petits biscuits, du thé au jasmin et un bouquet de marguerites sont disposés pour accompagner le temps d’écoute. Un quiz est aussi organisé, à l’occasion de la Journée internationale de la visibilité pansexuelle. Un jeune couple de motards se met à l’aise. Une femme trans apporte des chaussures à talons presque neuves pour le « vestiaire », une étagère où chacun peut se servir. Un homme en parka rumine devant l’entrée. « Je suis 100 % gay et 100 % vénère. Si j’avais été là, je lui aurais cassé la gueule. C’est la sixième attaque en moins de trois mois. Cette impunité, ça fout la rage. »

Deux jours plus tôt, lundi 22 mai à 15 h 20, la porte était ouverte pour faire entrer la lumière. Une bouteille en plastique a roulé jusqu’aux pieds de Sarah (les personnes citées par leur prénom ont souhaité rester anonymes), l’une des deux salariées du Centre LGBTI de Touraine. Face à elle, Emmanuelle, sa collègue, et Romain, un bénévole. Tous ont levé la tête, vu cette ombre fonçant vers la sortie. « On se précipite dehors pour voir qui nous a balancé ce déchet et donc on voit cet homme blanc, plutôt jeune, masqué et à genoux devant un sac à dos noir. Il se lève, nous crie “bon courage” et part en courant. » Trois secondes plus tard, la bouteille explose. « On a entendu un gros boum. A l’intérieur, on découvre des débris d’aluminium partout, la bouteille toute ratatinée. » La police est appelée. Elle passe le site au peigne fin. « C’étaient de l’acide et de l’alu. Apparemment le mélange était mal fichu. Bien dosé, ça nous explosait la gueule », assure Romain.

Mardi 23 mai, le parquet de Tours a annoncé avoir ouvert une enquête pour « tentative d’assassinat ». La police judiciaire, le commissariat de Tours et l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) ont été cosaisis de l’enquête, a expliqué la procureure de la République de Tours.

Mercredi, le commissariat a indiqué au Monde que l’auteur de l’attaque de lundi était aussi derrière les cinq précédentes : des bris de vitrines, de porte, de boîte aux lettres étalés sur moins de trois mois. C’est le visionnage des images de vidéoprotection transmises par la police municipale qui a permis cette conclusion. L’homme n’a pas encore été identifié.

« On a le soutien de la police »

« Pour moi, c’est un micro-attentat, lâche Sarah, la salariée. Il n’est plus question d’abîmer le local mais de nous faire du mal. » Installé près d’un restaurant universitaire, en bord de Loire, le Centre LGBTI de Touraine est une bulle de convivialité derrière des vitres sans tain. « Chaque année, de nouveaux étudiants débarquant à Tours et issus de toute la région Centre viennent ici briser leur isolement social grâce à nos permanences d’écoute active », explique Elena Gorguet, 22 ans, coprésidente du centre. Créée il y a dix-huit ans, l’association compte aujourd’hui 170 adhérents, une trentaine de bénévoles et deux salariés. « Son local est le seul lieu physique à Tours pour accueillir et soutenir la communauté LGBTI », ajoute Quentin Bouttet, le coprésident.

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