A Tourcoing, une enquête ouverte après la divulgation de noms d’enseignants sur Internet

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L’affaire de l’élève voilée du lycée Sévigné de Tourcoing (Nord) connaît un nouveau rebondissement, avec l’ouverture d’une enquête par le parquet de Lille pour « divulgation d’informations personnelles pouvant exposer une personne ou son entourage à un risque d’atteinte aux personnes ou aux biens ». Et ce « à la suite de la publication sur X [anciennement Twitter] de posts où sont nommément cités des professeurs du lycée professionnel ».

Une liste de noms d’enseignants a en effet circulé en ligne, quelques jours après l’altercation le lundi 7 octobre entre une enseignante de l’établissement et une lycéenne qui refusait de retirer son foulard alors qu’elle se trouvait dans l’enceinte. Dans cet établissement réputé « compliqué », le ton était monté entre la professeure et la jeune fille, qui a giflé l’enseignante. Cette dernière a répondu par une autre gifle. S’en sont suivis « plusieurs coups, menaces et bousculades », indiquait le parquet de Lille à l’AFP. La jeune fille, qui a reconnu avoir porté un coup à l’enseignante mais pas l’avoir menacée, doit être jugée pour violence suivie d’une ITT (incapacité totale de travail) de moins de huit jours et menace de mort sur une personne chargée de mission de service public. Sa comparution, fixée au 9 octobre, a été reportée au 11 décembre.

La diffusion de la liste de noms de professeurs est concomitante avec la reprise par plusieurs médias – dont nombre d’entre eux (la chaîne de télévision Cnews, et les journaux Le JDD et Valeurs actuelles) ont pour actionnaire Vincent Bolloré – d’une information selon laquelle « une dizaine » d’enseignants se seraient désolidarisés de la professeure au nom de la lutte contre les discriminations. C’est dans ce contexte que la liste est apparue sur X (anciennement Twitter), selon nos confrères de La Voix du Nord, qui indiquent qu’elle a été supprimée du réseau social à la demande du ministère de l’intérieur.

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« Mensonge pur et simple »

Le parquet de Lille affirme au Monde qu’aucune information sur l’absence de soutien de certains collègues de l’enseignante agressée ne lui a été communiquée. Les responsables syndicaux du SNES-FSU et du SE-UNSA démentent fermement, quant à eux, cette version. « La rumeur selon laquelle des enseignants auraient pris le parti de l’élève qui a frappé l’enseignante qui lui demandait d’enlever son voile est un mensonge pur et simple », écrivait la section CGT du lycée dans un texte mis en ligne le 14 octobre.

Le rectorat de Lille a déclenché la protection fonctionnelle, une procédure de soutien juridique de ses agents, pour tous les enseignants du lycée Sévigné qui en feraient la demande : elle a été accordée à 43 agents, a confirmé le rectorat, outre l’enseignante agressée pour qui la procédure était déjà en place. Selon les responsables syndicaux que nous avons contactés, tous n’étaient pas sur la liste. « La protection fonctionnelle a été accordée à tous les agents qui se sentaient menacés, même si leur nom n’a pas été diffusé », confirme Jean-François Caremel, responsable local du SNES-FSU. « Ces agents ont été fortement encouragés à déposer plainte », indique le secrétaire académique du SE-UNSA, Cédric Bart, ce que le rectorat de Lille n’a pas confirmé.



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