Le Parlement européen n’avait pas connu une telle ambiance depuis plusieurs années. Mercredi 9 octobre, la venue du premier ministre hongrois, Viktor Orban, à Strasbourg, pour présenter les priorités de la présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne (UE), commencée le 1er juillet, a électrisé un hémicycle plus habitué aux échanges compassés.
Treize ans après sa première présidence du Conseil de l’UE, Viktor Orban, l’homme fort du groupe d’extrême droite Patriotes de l’Europe, groupe du Rassemblement national (RN), a fait face à une avalanche de critiques de la part des partis conservateurs, libéraux et de la gauche, mais également d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. Il ne s’est jamais démonté, répondant systématiquement. « Ce fut l’un des débats les plus animés que ce Parlement ait connu ces dernières années », salue l’eurodéputé écologiste allemand Daniel Freund.
Celui qui assure « vouloir changer l’Europe », la doter d’un pacte de compétitivité et de « plateformes extérieures », pour filtrer les entrées sur le Vieux Continent afin de « protéger les Européens de la migration illégale », n’a pas réussi à convaincre ses détracteurs. Ses opposants conservateurs, libéraux et progressistes n’ont eu de cesse de lui rappeler sa dérive illibérale et autoritaire depuis 2010.
« Aujourd’hui, vous êtes seul ! »
« Monsieur Orban, votre présidence actuelle n’est que l’ombre de la précédente, a attaqué Manfred Weber, le chef du Parti populaire européen (PPE). En 2011, vous avez tenu 44 réunions à Budapest et clôturé 103 dossiers. Aujourd’hui, presque personne ne veut venir vous voir et vous n’avez aucune réalisation concrète à votre actif. A l’époque, vous étiez au centre de l’Europe ; aujourd’hui, vous êtes seul ! »
Iratxe Garcia, la présidente du groupe des sociaux-démocrates (S&D), a accusé le premier ministre d’utiliser « un faux patriotisme pour démolir la démocratie, survivre dans la corruption et violer les droits de ceux qui ne pensent pas comme [lui] ». « La vision dystopique de Viktor Orban pour l’Europe est la voie de la non-liberté et du déclin européen », a poursuivi Valérie Hayer, de Renew. Seuls les groupes d’extrême droite, à commencer par les Patriotes, ont soutenu le chef de gouvernement hongrois pour sa position sur les questions migratoires et pour défendre les valeurs traditionnelles.
C’est néanmoins Ursula von der Leyen qui a marqué les esprits. Dans un discours mordant, elle a rappelé que « les Hongrois faisaient partie de la famille européenne », mais a attaqué comme jamais la politique de Viktor Orban, laissant ce dernier totalement interdit et choqué par « les remarques peu convenables » d’une « présidente de la Commission qui ne devrait pas faire de la politique, mais être seulement la gardienne des traités ».
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