A six jours des européennes, le gouvernement face à deux motions de censure à l’Assemblée nationale

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A l’Assemblée nationale, à Paris, le 21 mai 2024.

A quelques jours du scrutin européen, le dossier des finances publiques revient à l’Assemblée. La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN) vont défendre, lundi 3 juin, deux motions de censure à l’Assemblée nationale. Si celles-ci ont peu de chances de faire tomber le gouvernement, elles servent surtout à marteler leur opposition radicale au président de la République, Emmanuel Macron, six jours avant les élections européennes.

Les oppositions « cherchent le désordre » politique et économique avec de tels actes, a dénoncé Gabriel Attal lundi sur Franceinfo. Examinées à partir de 13 h 30, ces deux motions lancent l’ultime semaine avant le scrutin du 9 juin, qui pourrait voir l’extrême droite s’offrir un score record.

Alors que l’heure était à la mobilisation générale dans tous les états-majors ce week-end, les sondages créditent la liste Rassemblement national de Jordan Bardella de 32 % à 34 % d’intentions de vote (32,5 % dans un sondage Elabe paru samedi), loin devant la macroniste Valérie Hayer (16 %) et la tête de liste du Parti socialiste-Place publique, Raphaël Glucksmann (13 %).

« Une austérité sans précédent »

Les motions de censure de LFI et du RN ont été déposées pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement par décret au mois de février, sans soumettre un projet de loi de finances rectificative au Parlement. Cosignée par les communistes et des écologistes, celle de La France insoumise fustige « une austérité sans précédent », « insupportable sur le plan social et inefficace sur le plan budgétaire », après les 10 milliards d’euros de crédits pour 2024 déjà gelés en raison du dérapage du déficit.

Alors que la France vient de subir vendredi une dégradation de sa note souveraine par l’agence S&P, de « AA » à « AA− », le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a répété sa ligne économique. Il exclut toute « augmentation d’impôts » en 2025, au grand dam de la gauche, qui réclame de taxer les « ultrariches » et les « superprofits » des entreprises.

LFI a choisi son député, Matthias Tavel, pour défendre la motion à l’Assemblée. Egalement directeur de campagne de son parti pour les européennes, il ne devrait pas manquer de faire le lien avec l’élection du 9 juin, où les « insoumis » sont crédités de 8,5 % des intentions de vote, selon Elabe, et semblent avoir du mal à mobiliser leur électorat. Le Parti socialiste, qui n’a pas signé la motion LFI, la votera dans l’hémicycle, a fait savoir son premier secrétaire, Olivier Faure.

Et le RN, outre sa motion, soutiendra également celle des « insoumis » pour tenter de renverser le gouvernement de Gabriel Attal. Il est toutefois très peu probable que la gauche parvienne à rassembler la majorité absolue de 289 voix nécessaire pour censurer l’exécutif, faute de soutien des députés LR.

La perspective d’une motion plus menaçante

Au sein des troupes de Marine Le Pen, Sébastien Chenu présentera la motion du Rassemblement national, qui accuse le gouvernement d’avoir « volontairement sous-évalué » le déficit. L’exercice donnera aussi l’occasion à Gabriel Attal de défendre son bilan à l’Assemblée nationale juste avant les européennes. Avec, dans toutes les têtes, la perspective d’une future tentative de censure plus menaçante pour le premier ministre, peut-être à l’automne pendant l’examen du budget, portée par les indépendants du groupe LIOT ou par les députés LR, qui agitent régulièrement cette menace sans la mettre à exécution.

Emmanuel Macron, en première ligne pour les commémorations du Débarquement de Normandie, entrera de plain-pied dans la campagne des européennes jeudi. Il a prévu d’accorder une interview à France 2 et TF1 en direct de Caen dans le journal de 20 heures, lors de laquelle il s’exprimera sur les élections européennes et la situation en Ukraine et à Gaza.

Le Monde avec AFP

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