A Rennes, des collégiens essaient de faire changer la loi pour accueillir dignement les migrants

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Les collégiens de Rosa-Parks (de haut en bas, de g. à dr.) : Yassin, Carmine, Lily,  Gassama, Samina et Sofia, avec leur professeur Ronan Chérel, à Rennes, le 23 février.

Ce mardi midi de février, Lily et Samina lancent des regards appuyés à Abdurhamane. D’habitude, ce longiligne jeune homme est le plus volubile de leur groupe de 3e. Il hausse les épaules et leur montre du menton Nassim et Carmine. Ce sont eux, les porte-parole de la cause qu’ils défendent au sein du collège Rosa-Parks, établissement en réseau d’éducation prioritaire (REP), niché entre les tours HLM du quartier Villejean, à Rennes. Face au reporter du Monde venu écouter leur projet, Nassim ose : « En fait, on veut changer la loi. On aimerait que la France et l’Union européenne accueillent dignement les migrants. » « Les adultes ne font rien, alors on a décidé de s’en charger », abonde Carmine.

Huit collégiens expliquent comment ils ont décidé de relancer le projet d’anciens de Rosa-Parks. Ceux-là avaient rédigé, en 2022, un texte pour alerter sur la précarité des demandeurs d’asile. Choqués que certains de leurs camarades vivent, de squats en foyers d’urgence, dans l’attente d’un titre de séjour et la peur d’une expulsion, ils avaient lancé un appel à la solidarité dans leur quartier, où cohabitent une cinquantaine de nationalités. L’initiative avait séduit dans la capitale bretonne, bastion de gauche gouverné par des maires socialistes depuis 1977. Les collégiens avaient alors profité du soutien d’associations et d’étudiants pour transformer leur ras-le-bol en une initiative citoyenne européenne (ICE). Ce dispositif permet à des individus de lancer une pétition qui, si elle collecte un million de signatures en une année, dans plusieurs pays de l’Union européenne, contraint la Commission européenne à étudier le projet et à, possiblement, remanier la loi.

« Les “fondateurs” ont imaginé le recours à l’ICE. Les “héritiers” prennent le relais avec la même détermination. Ils veulent avoir leur mot à dire sur l’évolution de la société », s’enthousiasme Ronan Chérel, le professeur d’histoire-géographie qui encadre le projet, intitulé #DignityinEurope. Hina Rabot, enseignante stagiaire investie auprès des collégiens, renchérit : « L’ICE démontre aux élèves que, même lorsqu’on étudie à Rosa-Parks, on peut réussir de grandes choses. »

A Bruxelles pour « tout changer »

Le collège figure en queue de peloton de presque tous les classements de l’académie d’Ille-et-Vilaine. En 2022, seuls 75 % des élèves avaient obtenu leur brevet. Dix-sept points de moins que la moyenne départementale. Depuis quelques années, nombre de parents retirent leurs enfants de Rosa-Parks pour les inscrire dans d’autres établissements de la ville, réduisant un peu plus les effectifs et la mixité sociale du collège. Ici, sept collégiens sur dix sont boursiers.

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