A Pékin, quelques familles chinoises commémorent le massacre de Tiananmen, malgré la répression

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Un véhicule de police devant la place Tiananmen, à Pékin, le 4 juin 2024.

Dans le monde de silence qu’impose la Chine sur la sanglante répression, il y a trente-cinq ans, du mouvement de Tiananmen, quelques familles de victimes se sont malgré tout rassemblées, mardi 4 juin, au cimetière Wanan, au nord-ouest de Pékin. Elles s’y sont rendues, suivies de près par la police, dans une section alors fermée au public.

Sur une vidéo diffusée par la radio américaine Radio Free Asia, quelques personnes vêtues de noir et de gris lisent un texte qu’elles ont préparé. « A l’époque, animés de patriotisme et d’un cœur pur, vous vous inquiétiez du futur et de la trajectoire de ce pays », y explique You Weijie, la porte-parole des familles. « Vous espériez un gouvernement honnête et droit, qui combatte la bureaucratie et la corruption », ajoute-t-elle.

Les familles demandent la reconnaissance officielle du massacre, des excuses et le droit de porter le deuil en public. Elles s’adressent au président chinois, qui, depuis douze ans au pouvoir, n’a de cesse d’insister sur le combat contre la prévarication. « Le secrétaire général Xi Jinping a dit qu’il fallait perpétuellement sonner le clairon de la lutte contre la corruption, les étudiants cette année-là n’en étaient-ils pas les lanceurs d’alerte ? Le chemin pour obtenir la justice est un combat difficile et permanent », dit Mme You, dont le mari a été tué sur la place, en 1989. Dans une lettre rédigée quelques jours avant la date anniversaire, ces mêmes proches disaient au président chinois qu’elles « n’oublieront jamais les vies perdues de ceux tués sous les balles ou écrasés par les chars ».

Emmenés en « vacances forcées »

Commémorer ce mouvement étudiant réclamant l’ouverture politique de la Chine et évoquer sa répression, qui a sans doute fait plus d’un millier de victimes à partir du 4 juin 1989, est interdit. Un des meneurs de l’époque, Xu Guang, a été une nouvelle fois condamné, le 3 avril 2024, à quatre années d’emprisonnement pour « trouble à l’ordre public » pour avoir tenu une pancarte demandant justice devant un poste de police en 2022.

Les familles ont, une nouvelle fois, reçu l’ordre de ne pas parler à la presse. Selon Radio Free Asia, média financé par le Congrès américain, des militants des droits de l’homme, dont l’avocat Pu Zhiqiang, ont été emmenés en « vacances forcées » à l’extérieur de Pékin. Le commentateur Ji Feng, qui vit dans la province du Guizhou, a expliqué avoir été emmené hors de sa ville de résidence. « Il va y avoir du bruit à l’étranger pour le 35e anniversaire » de Tiananmen, a-t-il déclaré, ajoutant : « Cette fois, on doit rester dans les environs de la ville de Zunyi », tout en se demandant si cela est dû à des finances locales serrées en ce moment.

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