A Paris, des mains rouges taguées sur le Mémorial de la Shoah

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Le Mur des Justes, à l’extérieur du Mémorial de la Shoah, à Paris, où ont été taguées des mains rouges, le 14 mai 2024.

Une vingtaine de mains rouges ont été peintes dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai sur le Mur des Justes, à l’extérieur du Mémorial de la Shoah, à Paris, sur lequel figurent les noms de 3 900 hommes et femmes ayant contribué à sauver des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Une dizaine d’autres bâtiments (école, crèche…) du quartier historique juif du Marais ont également été tagués de ce symbole controversé, brandi lors de manifestations propalestiniennes pour appeler au cessez-le-feu à Gaza, et notamment fin avril, devant Sciences Po, lorsque des étudiants ont levé leurs mains peintes en rouge vers le ciel.

Pour certains, ce signe renvoie davantage au massacre à mains nues par la foule de deux soldats israéliens dans la ville palestinienne de Ramallah en octobre 2000, au début de la seconde Intifada. « Quels que soient les auteurs, cette dégradation du Mémorial de la Shoah, symbole des mains ensanglantées des terroristes qui ont lynché deux soldats israéliens en octobre 2000, résonne comme un cri de ralliement haineux contre les juifs », a réagi le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, dénonçant un « acte abject », dans un message posté sur le réseau social X.

« Acte lâche et haineux »

Condamnant des « actes inqualifiables », la maire de Paris, Anne Hidalgo (Parti socialiste), a saisi la procureure de la République de Paris de ces actes « potentiellement constitutifs du délit d’injure publique à caractère antisémite », conformément aux dispositions prévues à l’article 40 du code de procédure pénale.

Mardi, dans la matinée, la classe politique s’est émue de ces dégradations. Le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, a condamné sur X une « insupportable dégradation ». Valérie Hayer, tête de liste de Renaissance aux élections européennes, s’est dite « glacée d’effroi ». La porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a également dénoncé un « antisémitisme dans sa forme la plus débridée ». Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a, lui, fustigé une « odieuse profanation » et un « acte antisémite ».

Dans un communiqué, le Mémorial de la Shoah s’est indigné de « cet acte lâche et haineux », dans un « climat de montée de l’antisémitisme », survenu le jour de la commémoration de la « rafle du billet vert » du 14 mai 1941, lorsque 3 700 juifs de la région parisienne ont été arrêtés puis déportés, préfigurant la rafle du Vél’ d’Hiv. « Une plainte a été déposée, l’enquête de police est en cours », a expliqué le lieu de mémoire. Et son directeur, Jacques Fredj, de souligner sur X : « Nous agissons contre l’intolérance et l’ignorance dans un moment de confusion et d’instrumentalisation de l’histoire de la Shoah et des génocides. »



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