A Nouméa, l’autodétermination au cœur des réflexions des Eglises du Pacifique

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Nouméa, vue aérienne. En premier plan, la « Baie de l’Orphelinat ».

« La question n’est pas tant de savoir si la Nouvelle-Calédonie va devenir indépendante, mais quand », pose sereinement le révérend James Bhagwan, le secrétaire général de la Conférence des Eglises du Pacifique (PCC) qui tient, du 16 au 23 novembre, sa douzième assemblée générale à Nouméa, la capitale de l’archipel.

Près de 250 délégués de l’organisation œcuménique sont réunis au sein de l’université de la Nouvelle-Calédonie pour définir les priorités des années à venir autour des questions théologiques, mais aussi politiques, sociales et climatiques. La PCC rassemble vingt-huit églises et onze conseils nationaux d’Eglises protestantes, évangéliques, ou méthodistes, à travers tout le Pacifique. L’Eglise catholique y possède un statut d’observateur depuis 1976.

Mardi 21 novembre, la réunion plénière était consacrée à l’autodétermination des peuples. Lors de son discours, le président du gouvernement calédonien, Louis Mapou, mandaté en juillet par Emmanuel Macron pour travailler sur un « chemin du pardon », a fait savoir qu’il avait sollicité les Eglises, aussi bien protestantes que catholiques, pour avancer.

Une marque de solidarité

Cette grand-messe quinquennale intervient en Nouvelle-Calédonie alors que se déroulent des discussions sur l’avenir institutionnel du territoire sous l’égide de l’Etat. Après un troisième référendum qui a rejeté, fin 2021, la « pleine souveraineté » du territoire mais a été boycotté par les indépendantistes calédoniens, la PCC voulait « être avec les gens et créer des relations en profondeur », apportant une marque de solidarité à la revendication en faveur de l’indépendance. Le 14 juin 2022, déjà, devant le comité spécial des Nations unies, le révérend Bhagwan avait jugé « impératif que, dans l’esprit du régionalisme du Pacifique, [les dirigeants de la région] s’attaquent au manque de légitimité morale ou politique d’un référendum qui a eu lieu sans la pleine participation du peuple colonisé, qui a le droit à l’autodétermination. »

En Océanie, où la religion occupe une place centrale dans la vie des populations, ces prises de position ne sont pas étonnantes. « On trouve toujours cette alliance entre le politique, le religieux et le culturel dans le Pacifique », rappelle Gilles Vidal, maître de conférences en histoire du christianisme et auteur de l’ouvrage Les Nouvelles Théologies protestantes dans le Pacifique Sud. Etude critique d’un discours religieux et culturel contemporain (Karthala, 2016). Ces Eglises, rappelle-t-il, se sont construites après avoir pris leurs distances vis-à-vis des missions occidentales dans les années 1960.

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